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© Shubham Dhage/Unsplash

Éducation nationale

Entre stress et stratégie, le supplice de Parcoursup

Clara Degiovanni publié le 01 juin 2023 4 min

Ce jeudi 1er juin tombent les résultats de la plateforme Parcoursup. Mais cela n’est pas un verdict définitif : plutôt le début d’un long marathon, pénible et souvent cruel, pour les élèves comme pour les professeurs que nous avons interrogés.

 

  • STRESS. Les résultats tombent aujourd’hui, mais la procédure Parcoursup va continuer jusqu’au 7 juillet. Si c’est aussi long, c’est parce que « la plupart des élèves n’ont pas pu avoir leurs vœux de cœur », nous explique Marie Perret, présidente de l’Appep, l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public. Les lycéens se retrouvent donc « en attente » sur les choix qui les intéressent le plus. Si par bonheur ils sont enfin acceptés là où ils souhaitent entreprendre leurs études supérieures, ils ont « 48 heures pour valider leurs vœux, sinon ils les perdent », nous explique Clarisse L., professeure de philosophie dans la région lyonnaise. Jusqu’en juillet, certains élèves vont donc devoir vérifier très régulièrement sur l’application dédiée si leur vœu a été accepté. Le système est d’autant plus cruel qu’ils assistent anxieusement à leur progression – parfois très lente – sur liste d’attente, en sachant qu’à partir d’une date butoir, leur vœu ne sera plus disponible. Les enseignants se retrouvent donc à devoir prendre en charge une nouvelle forme de stress spécifiquement générée par Parcoursup. « En tant que professeurs, on fait du management du stress. On organise des plages dédiées pour les rassurer, et leur expliquer que ce n’est pas perdu s’ils ne sont pas immédiatement acceptés », explique Clarisse L.
  • STRATÉGIE. Parcoursup est un algorithme très complexe, qui a tendance à récompenser les élèves les plus stratèges, quitte à ce que cela mène à des situations ubuesques. Nous avons interrogé Mano, un élève de terminale au lycée Philippe-Lamour à Nîmes (30), qui nous explique par exemple avoir quitté la spécialité HLP – « Humanités, littérature et philosophie » – alors qu’il avait de très bonnes notes. Quand on lui demande pourquoi, il répond que c’est une manière de « graver dans le marbre » ses bons résultats. En effet, les notes obtenues en classe de première dans ce que les textes officiels appellent « la spécialité abandonnée », comptent pour le dossier de Parcoursup. En revanche, les notes des spécialités poursuivies en terminale sont annulées et remplacées par celles obtenues lors des épreuves écrites dans ces mêmes spécialités. Si tout cela paraît bien alambiqué, il faut retenir que l’on se retrouve dans une situation absurde dans laquelle un élève doué dans une certaine spécialité l’abandonne afin de maximiser ses chances d’avoir un bon dossier.
  • SPÉCIALISATION. Ces stratégies ont une influence sur les enseignements de spécialité proposés. « Il y a deux raisons pour lesquelles un élève choisit une spécialité au lycée : pour avoir un bon métier et un bon dossier sur Parcoursup. », explique Julien* (le prénom a été modifié), également professeur de philosophie en région lyonnaise. Les professeurs de spécialité, particulièrement en HLP, doivent donc s’adapter à cette logique et « rendre leur discipline attractive » car « les faibles effectifs peuvent entraîner une fermeture de la spécialité concernée », poursuit l’enseignant. Dans ce contexte difficile, ni les professeurs ni les élèves ne sont à blâmer, « ce sont bien les réformes qui poussent tout le monde à être calculateur », estime Marie Perret.
  • SÉLECTION. Marie Perret appelle le dernier trimestre le « drôle de trimestre », en référence à « la drôle de guerre », car dès le retour des vacances de printemps, les élèves ne sont plus concentrés sur les cours mais tout entiers dévolus au suivi de leur dossier Parcoursup. Et pour cause, pendant tout le dernier trimestre de leur scolarité, ils doivent faire parvenir à leurs professeurs des projets relatifs à leurs engagements extérieurs, en association ou sur le plan sportif, afin de nourrir leur lettre de motivation. C’est ce que les rédacteurs des textes officiels de l’Éducation nationale ont appelé des « projets motivés ». Les élèves doivent donc être stratèges, mais aussi apprendre à se vendre. Ce temps passé à échafauder des lettres de motivation et des stratégies alambiquées pour avoir le meilleur dossier possible « les éloigne de ce pour quoi ils sont au lycée : s’instruire, et apprendre à réfléchir », déplore la présidente de l’Appep. Un constat partagé par Clément F., professeur de philosophie en région parisienne, qui estime que le but – non assumé – des réformes actuelles est « la transformation de l’institution pour la rendre plus compétitive ». Comme l’indique Marie Perret, « la sélection à l’université est de plus en plus rude. Car on a gonflé le nombre de bacheliers sans augmenter le nombre de places dans le supérieur ». Les élèves sont donc beaucoup plus stressés par l’algorithme de Parcoursup que par les épreuves de baccalauréat : c’est bien dans les rouages opaques de cet algorithme, bien plus que dans l’obtention de cet examen national, qui n’est plus un graal pour personne, que se joue véritablement leur avenir.
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