Amour, études, logement… La société du “match”

Nous ne connaissons pas grand-chose à leur mode de fonctionnement qui peut paraître arbitraire, injuste et biaisé, mais ils sont de plus en plus présents dans notre quotidien. « Former un couple, accéder à une formation universitaire, louer un logement, recevoir un traitement médical, trouver un emploi : un nombre croissant de faits sociaux sont concernés par des processus consistant à associer des individus ou des ressources sociales deux à deux », remarquent les auteurs de Comment ça matche. Une sociologie de l’appariement (Presses de Sciences Po, 2022)

Ces procédures d’appariement se généralisent et « représentent un enjeu politique crucial », constatent Steiner et Simoni. En soulignant cependant que « les ressources sociales concernées par ces systèmes et la manière dont ils sont mis en œuvre sont encore très diverses et incertaines », ils s’interrogent : « Comment ces événements si importants de la vie sociale des individus sont-ils désormais pris en charge par des algorithmes ? »

Sites de rencontre : la grande illusion

Prenons le cas des sites de rencontre, auxquels est consacré un chapitre qui s’attache à montrer la manière dont ils ont évolué au fil du temps. À l’époque du Minitel et des premières années d’internet, leur algorithme était relativement simple : ils fonctionnaient comme de simples catalogues permettant d’afficher la variété des profils des candidat(e)s à l’amour. Ce modèle, précisent les auteurs, « se présente comme un espace de calcul. Dans ce contexte, l’appariement résulte d’un calcul entre différents paramètres auxquels on accorde des poids différents. Cependant, le calcul ne s’effectue pas ici sous la forme d’une optimisation sous contrainte, mais relève de la rationalité procédurale ». Autrement dit, l’agent ne cherche pas tant à maximiser son calcul coûts-avantages mais se contente d’un résultat qu’il juge satisfaisant.