Enseigner la philosophie, un défi
Philomag vous propose chaque semaine une sélection d’articles parus dans la presse française et étrangère, rassemblés autour d’une thématique commune. Des articles qui nous ont surpris, questionnés, dérangés. L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue sur le monde et les événements qui font l’actualité.
Cette semaine, un thème : l’enseignement de la philosophie. Quelle place occupe aujourd’hui la philo dans le cursus éducatif ? Comment réinventer la transmission d’une discipline particulièrement exigeante, et parfois très abstraite ? Faut-il enseigner la philo dès le plus jeune âge ? Éléments de réponse.
L’enseignement de la philosophie en France est en péril : c’est le message que veut faire passer Marie Perret, vice-présidente de l’Association des professeurs de philosophie de l’enseignement public, dans une tribune parue dans Le Monde. « La philosophie représente aujourd’hui quatre heures hebdomadaires des enseignements communs dans la voie générale, et deux heures dans la voie technologique. Si l’on compare cet horaire à celui qu’elle représentait dans les anciennes séries, on ne peut guère conclure à un “renforcement” de la philosophie », contrairement à ce qu’affirme le ministre de l’Éducation nationale Jean-Michel Blanquer. Et il y a de quoi s’en inquiéter : car « l’affaiblissement de l’enseignement de la philosophie risque de fragiliser notre modèle républicain ». En effet, « le travail de conceptualisation inhérent à la démarche philosophique incite les élèves à ne pas confondre les mots et les idées ». Il est donc indispensable à la formation de l’esprit critique.
Comment, justement, renforcer l’enseignement de la philosophie ? En introduisant la discipline dès l’enfance, affirme la philosophe Edwige Chirouter sur le site The Conversation. Comme elle le rappelle, « la pratique de la philosophie avec les enfants se développe partout dans le monde depuis plus de cinquante ans. […] Il s’agit de développer dès le plus jeune âge l’esprit critique, de cultiver la pensée complexe et l’acception de sa vulnérabilité face aux grandes questions universelles et intemporelles. Cette pratique valorise le dialogue et l’acception éclairée des divergences, exigeant un travail intellectuel rigoureux. En ce sens, elle participe pleinement aux missions politiques de l’école et peut contribuer à la formation de citoyens et citoyennes éclairés. » Le défi est considérable : adapter le vocabulaire technique pour les enfants n’a rien d’évident. Mais c’est un enjeu dont la philosophie elle-même pourrait tirer parti.
Stephen Harrison : “TikTok représente une opportunité unique pour la philosophie publique”
La philosophie, discipline spéculative par excellence, a toujours été confrontée à la question de sa transmission – la plus accessible possible. Cette question se pose aujourd’hui à nouveaux frais : de nouvelles pratiques, qui mobilisent les moyens fournis par le numérique, se développent, comme le rapporte le journaliste Stephen Harrison dans une enquête parue sur la version anglophone de Slate. Et sur le réseau social TikTok, en particulier, les comptes de profs de philo se multiplient. « Ces dernières années, dans la philosophie universitaire, il y a eu une poussée majeure en direction de ce que l’on appelle la “philosophie publique” », c’est-à-dire la « tentative d’impliquer le grand public dans la pensée philosophique », témoigne le professeur de philosophie Nathan Nobis, qui possède lui-même un compte TikTok. « Une partie de la traduction de la philosophie sous forme TikTok consiste à trouver un cadre comique ou une narration capable de retenir l’attention », précise-t-il Un format complexe, qui tranche avec les longs raisonnements alambiqués dont les philosophes sont, parfois, de grands spécialistes. Mais la contrainte peut aussi se révéler une source de réinvention !
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