Durs à queer

Un essai, proche dans la forme du roman graphique, Queer Theory, une histoire graphique (La Découverte, 2023), retrace l’histoire du mot queer et présente les travaux des universitaires à l’origine d’une théorie visant à démanteler les binarismes en tout genre. Un livre qui a le queer solide !

Surgi dans le vocabulaire français à la fin des années 1990 comme le nom d’une subversion des normes sexuelles, le terme « queer » n’a cessé de proliférer depuis, autant dans le champ académique que dans celui des conversations ordinaires. Sans que pour autant, sa définition ne semble tout à fait stabilisée. C’est d’ailleurs la force étrange de ce mot de ne pas se laisser réduire à un sens unique et fermé, de n’avoir précisément aucune identité fixe. Ses origines font encore l’objet de multiples récits, parfois concurrents, et non d’une seule et unique histoire linéaire. C’est le grand mérite du livre Queer Theory, écrit par Meg-John Barker, activiste et universitaire britannique, et Jules Scheele, illustrateur, graphiste, membre d’un collectif qui publie des fanzines féministes, de mettre au clair l’histoire et la vitalité active d’un concept clé des sciences sociales et humaines des trente dernières années.

Page 19 de Queer Theory. © Éditions La Découverte

Plutôt que de plonger dans des analyses fouillées et difficiles, le livre fait le pari d’un éclairage pédagogique rigoureux visant à clarifier l’histoire d’un mot et ses variations, à présenter les universitaires et militants qui ont contribué à poser les fondements de la théorie queer, à passer en revue les critiques qui lui sont adressées et expliquer comment les théoricien(ne)s queers y ont répondu. Et même à « proposer des pistes pour vous aider à penser de manière plus queer dans votre vie quotidienne ».