“D’où vient la crainte de passer à côté de quelque chose ?”
Question d’Oliver Billot.
Nous passons, c’est un fait, à côté de plein de choses : à côté du film qui se joue dans la salle d’à côté, à côté de tous ceux que notre absence de disponibilité nous empêche de rencontrer, à côté de vies meilleures ou simplement différentes. C’est un fait, mais pourquoi le redouter ? D’où vient cette crainte de passer à côté de tout cela ? Probablement du fait que nous ne réussissons pas à accepter l’évidence : le champ du possible étant infini, le simple fait de vivre signifie le renoncement à la quasi-totalité de ce champ. Mais ce renoncement peut devenir un consentement, et la crainte, grâce à cette sagesse retrouvée, se changer en joie. Cette crainte n’exprime au fond qu’un délire infantile de toute-puissance : nous voudrions que tout soit pour nous, ne rien rater de ce que la vie peut offrir. Mais c’est précisément ce qui entrave le plaisir que cette existence peut nous donner. Si nous sommes heureux avec quelqu’un, la crainte de passer à côté de quelqu’un d’autre va venir gâcher la fête sans rien changer à la réalité de l’existence : nous n’épuiserons jamais le tout de la vie. Nous mourrons sans l’avoir épuisé. C’est d’ailleurs pourquoi le critère nietzschéen d’une vie accomplie – l’intensité – ne peut conduire qu’à l’impasse. Nous chercherons toujours plus d’intensité et ne pourrons être que déçus. Il faut des moments de battement pour que l’intensité soit une expérience si belle. Comme il faut passer à côté de certaines choses pour mesurer vraiment le prix des autres. Lorsque nous sommes avec quelqu’un, au lieu de craindre de passer à côté de quelqu’un d’autre, consentons profondément à cette idée, à cette réalité : accueillons-la vraiment, d’un grand « oui », loin de tout déni comme de toute idée de renoncement. Soyons lucides et affirmatifs : c’est comme ça ! Vivre sa vie pleinement, c’est passer à côté d’autres vies. C’est comme ça : c’est très bien comme ça. Telle est la vérité du réel. La craindre, c’est développer une passion triste. L’accepter, l’aimer même, là est la vraie joie.
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