Dieu a-t-il un sexe ?
En Allemagne, la Jeunesse Étudiante Catholique (KSJ) souhaite désormais écrire le nom du Seigneur suivi d’une « astérisque d’indistinction de genre » : Dieu*. L’idée ? Dépoussiérer une fois pour toutes l’imagerie chrétienne, qui ne voit en Dieu le Père qu’un « vieux Blanc à la longue barbe sévère », et faire place à toute la diversité des représentations possibles.
S’il est possible d’y voir une contestation salutaire de la structure rétrograde de l’Église, qui n’a jamais été connue pour son progressisme en matière de promotion des femmes… théologiquement, en revanche, cette initiative revient à enfoncer des portes ouvertes. D’une part parce que le qualificatif de « Père » pour désigner Dieu n’épuise en aucun cas l’essence de ce dernier – et d’autre part parce que cette initiative pose, aussi, le problème d’une foi bricolée de toute pièce, et détachée de toute tradition.
- La question du sexe de Dieu n’est qu’un aspect d’un enjeu beaucoup plus vaste : celui de l’identité du Créateur. Son statut de Trinité regroupant en un être unique trois hypostases (le Père, le Fils et le Saint-Esprit) posait, déjà, d’insolubles problèmes aux premiers théologiens chrétiens.
- Prenant acte de cette incompréhensibilité de l’essence divine, la tradition de la théologie négative, ou apophatisme, souligne qu’il nous faut renoncer à formuler des jugements « positifs » sur Dieu : nous ne pouvons dire qu’il est ceci ou cela – et a fortiori, homme ou femme. Nos catégories humaines ne sont pas pertinentes.
- La totalité de l’iconographie chrétienne représente pourtant Dieu comme un homme. Impossible de ne pas y voir l’effet d’une culture patriarcale. Cependant, d’un point de vue théologique, cette pratique est purement illustrative et non définitive dans les deux sens du terme : la représentation ne définit pas Dieu, elle n’épuise pas son essence – qui manifeste d’ailleurs bien souvent des qualités souvent qualifiées de « féminines », comme la douceur ou l’attention.
- Parler de « Dieu le Père » permet néanmoins de s’adresser à Lui en personne, et non plus comme à une entité abstraite – ce qui rend les hommes capables de se penser comme frères et sœurs. La médiation imagée, et donc genrée, joue un rôle important : elle définit le lien relationnel qui unit le croyant au Divin.
- Faudrait-il donc ouvrir la porte à d’autres représentations de Dieu ? Peut-être, mais il faut aussi prendre garde : la religion relie les hommes parce qu’elle repose sur des représentations communes, et non sur des bricolages individuels.
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