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La revue de presse des idées

Démocratie des sentiments, extinction de l’humanité et tragédie de l’existence : l’actualité des idées du vendredi 3 septembre

Octave Larmagnac-Matheron publié le 03 septembre 2021 4 min

Philomag vous propose chaque semaine une sélection d’articles parus dans la presse française et étrangère. Des articles qui nous ont surpris, questionnés, dérangés. L’occasion de découvrir de nouveaux points de vue sur le monde et les événements qui font l’actualité.

Au programme, cette semaine : un plaidoyer pour une démocratie des sentiments, une réflexion provocante sur l’extinction de l’humanité, un manifeste pour les sciences sociales, une méditation sur l’oubli du tragique et un éloge de l’égalité.

 

  • La démocratie est presque systématiquement associée à l’idée d’un débat rationnel, fondé sur les faits et l’échange d’arguments. C’est en tout cas l’image idéale que nous en avons. Depuis Platon, nous accusons les rhéteurs, démagogues et autres sophistes qui polluent l’espace public en jouant sur les affects pour mieux manipuler les foules. Le risque existe, sans doute. Mais comme le souligne la doctorante américaine en philosophie Elizabeth Cantalamessa dans un article pour Aeon (en anglais), il ne doit pas nous conduire à expurger la démocratie de son élément affectif. « La raison et les faits ne peuvent pas être la base des débats politiques et de la vie civique. L’amour et le rire sont au cœur de l’affaire. » Sans sentiments, la démocratie se réduit à un système aussi vide que formel, là où elle devrait, au contraire, conduire à la formation d’une véritable « communauté » de vie et d’idées.

Pourquoi c’est intéressant ? Parce que Cantalamessa complexifie notre vision de la démocratie.

 

* « Imaginez qu’un énorme astéroïde se dirige vers la Terre, lequel, s’il frappait, supprimerait toute possibilité de vie sur Terre. Si vous avez le pouvoir de le détourner, devriez-vous le faire, d’un point de vue moral ? » La réponse à cette petite expérience de pensée semble évidemment « oui ». Pas si simple, rétorque le philosophe anglais Roger Crisp, dans un article provoquant publié dans le New Statesman (en anglais). « Il est également plausible que l’extinction soit bénéfique pour certains individus – ceux qui sont aux derniers stades d’une maladie terminale atroce, par exemple, dont la douleur ne peut plus être contrôlée par des médicaments. » Allons plus loin encore : « Considérez l’énorme quantité de souffrance que la poursuite de l’existence entraînera, non seulement pour les humains […] mais aussi pour les non-humains sensibles, qui sont beaucoup plus nombreux ». Que pèsent les « bonnes choses dans la vie des individus » face à l’« agonie » extrême que subissent d’innombrables formes de vies sur l’ensemble de la planète ? L’agonie n’est pas, sans doute, le lot de tous. Peut-être même est-ce seulement le sort d’une minorité. Mais que valent les bonheurs individuels face à l’atrocité de vie devenue proprement invivable ?

Pourquoi c’est à lire ? Parce que Crisp pose une question dérangeante et, sans « affirmer que l’extinction serait une bonne chose », souligne cependant qu’elle « pourrait l’être ». 

 

  • Islamo-gauchisme, militantisme, cancel culture… le monde de la recherche est, depuis quelques mois, en prise avec les polémiques « mi-scientifiques mi-politiques » à répétition. Il est urgent de mettre à plat ces différends pour repartir sur des bases saines, affirme le sociologue Bernard Lahire dans un manifeste publié sur AOC : « Les chercheurs doivent revenir à l’ambition fondatrice qu’ils ont eu tendance à négliger : dégager des lois, des invariants, des principes, des fondamentaux… Seule l’élaboration d’un programme de travail collectif et interdisciplinaire permettra d’accomplir collectivement ce pas de plus vers une science sociale digne de ce nom, en établissant un cadre intégrateur et unificateur, au-delà des disciplines, comme ont su le faire les sciences du vivant. »

Pourquoi c’est pertinent ? Parce que, pour dépasser les débats stériles qui gangrènent le travail universitaire, Lahire revient aux fondamentaux de la recherche en sciences sociales. 

 

  • « La mort surprend trop d’entre nous, parce que nous préférons détourner le regard, nier l’approche de l’événement le plus inévitable », affirme le philosophe de la médecine Ian Marcus Corbin dans The Point (en anglais). Nos sociétés, emportées dans un vertige sans fin de plaisir, magnétisée par l’obsession du bonheur, se caractérisent, à ses yeux, par une rejet constant des « sujets existentiels », de la part de « tragédie » qui fait l’essence même de l’existence humaine. « Divers phénomènes discrets – la mort médicalisée, le déclin de la reproduction, le dégoût pour la tragédie et le désintérêt pour la religion – vivent et se nourrissent d’un ferment commun » : l’idée que « les questions existentielles seraient un peu dépassées – voire, peut-être, un peu obscènes ou dangereuses. » Elles continuent, pourtant, de nous hanter, d’autant plus douloureusement que nous ne savons plus les intégrer au sein de la vie : « Si, dans nos sociétés policées, nous pensons en avoir fini avec elles, ces questions n’en ont pas fini avec nous. » 

Pourquoi on vous le conseille ? Parce que Corbin met le doigt là où ça fait mal : « Apprendre à vivre avec ce que nous sommes, à la fois vivants et mourants, est […] une urgence civilisationnelle. »

 

  • L’exigence d’égalité, avec ce qu’elle implique de régulation de la machine économique, est-elle un obstacle à la croissance ? Faut-il laisser faire le marché pour garantir le progrès, comme l’affirme en cœur la plupart des théoriciens libéraux ? Au contraire, lance l’économiste Thomas Piketty, qui vient de faire paraitre Une brève histoire de l’égalité, dans un entretien accordé à L’Obs : « Historiquement, c’est le combat pour l’égalité qui a permis la prospérité, notamment grâce à un plus large accès à l’éducation et au savoir. » L’égalité est non seulement nécessaire socialement (« si l’on persiste dans cette voie, il y aura d’autres révoltes ») et bénéfiques d’un point de vue économiques. À condition de ne pas s’enfermer dans une vision à court terme.

Pourquoi c’est percutant ? Parce que Piketty bat en brèche quelques présupposés de l’économie libérale. A commencer par l’idée que l’inégalité serait un mal nécessaire. 

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