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“Le Seigneur des Anneaux. Les Anneaux de pouvoir”, 2022. © Amazon Studios

Philo en série(s)

Décors, musique, histoire : “Les Anneaux de pouvoir” vus par Marylin Maeso

Marylin Maeso publié le 06 septembre 2022 3 min

Vingt-cinq millions de téléspectateurs étaient au rendez-vous dès le premier jour de diffusion des Anneaux de pouvoir, à l’issue de longs mois d’attente et de querelles virulentes entre détracteurs et défenseurs anticipés qui se sont écharpés sur les réseaux sociaux en s’accrochant fébrilement à des bandes-annonces de quelques minutes. Une bataille qui a repris de plus belle après la diffusion des deux premiers épisodes, à tel point qu’Amazon a suspendu les commentaires sur la série suite à des soupçons de « review bombing », pratique consistant, comme son nom l’indique, à bombarder un contenu de commentaires négatifs pour faire pencher la balance des avis en sa défaveur. C’est dire à quel point, parmi les aficionados de la saga Le Seigneur des anneaux, elle déchaîne les passions…

 

Sceptique à mes heures perdues, j’avais opté pour la suspension du jugement jusqu’au jour fatidique. Mon verdict tient dans les derniers mots de Sam Gamgee à la fin du Retour du roi (Peter Jackson, 2003) : « Eh bien, je suis de retour. » À la manière du livre de Tolkien Le Silmarillion (1977), où le dieu Eru Ilúvatar fait advenir sa création en qualité de chef d’orchestre, au commencement de la série est la musique qui nous ramène, dès les premières notes, en terre tolkienienne. Le compositeur Bear McCreary, disciple de Howard Shore (qui avait réalisé la bande originale de la trilogie de Peter Jackson), s’est résolument inscrit dans son sillage avec des mélodies aussi bigarrées que les peuples de la Terre du Milieu : mystique et aérienne chez les elfes, grave et gutturale dès qu’on s’approche du royaume des nains, enjouée et sautillante au rythme de la flûte quand surgissent les Harfoots (ancêtres des Hobbits), la musique raconte à elle seule une histoire.

Mais pas la véritable histoire, diront certains. Librement inspirée des appendices au Seigneur des anneaux (faute de posséder les droits d’adaptation du Silmarillion), la série s’est vu reprocher de trop grandes libertés prises à l’égard des textes. Ce constat est indéniable, et quiconque visionne The Rings of Power (le titre original de la série Les Anneaux de pouvoir) le nez dans les livres n’en finirait pas de lister les modifications plus ou moins radicales. Est-ce pour autant une mauvaise nouvelle ? Les gardiens du temple tolkienien estimeront que cette adaptation mérite le même sort que Melkor, l’Ainur (ange) déchu pour avoir eu l’audace d’émettre son propre son de cloche plutôt que de se faire l’interprète fidèle de la partition du Créateur. Je ne connais pas, pour ma part, de plus bel hommage à l’œuvre de Tolkien que celui qui, ayant fait le deuil d’une impossible traduction du texte à l’écran qui sera toujours, selon l’adage italien, une trahison, fait le pari de la création originale.

Le monde de Tolkien est toujours vivant, puisqu’il continue, des décennies après la mort de l’auteur, à inspirer des esprits qui l’enrichissent au lieu d’essayer vainement de le reproduire à l’identique. « L’imagination demeure un droit humain », disait l’auteur britannique : « Nous créons à notre mesure et sur un mode dérivé, parce que nous-mêmes, nous sommes créés : et non simplement créés, mais créés à l’image d’un Créateur auquel nous ressemblons. » Les Anneaux de pouvoir fait bon usage de ce droit fondamental en élaborant un univers visuel sublime, où la beauté des images – dont la poésie confine par moments au théâtre d’ombres et de lumière – n’est pas sans rappeler le style du réalisateur Peter Jackson, dans sa série de films mais aussi dans Lovely Bones (2009), où les rêves de l’héroïne Susie Salmon dessinent une esthétique onirique.

Les entorses à l’histoire d’origine sont multiples, et pourtant, on s’y reconnaît, par un subtil équilibre entre le familier et le nouveau. Les elfes sont toujours hantés par le souvenir mélancolique de leur paradis perdu. Les nains prospèrent dans leurs mines. Et les Harfoots, méfiants vis-à-vis des grands de ce monde et réfugiés dans leurs cachettes sylvestres, préfigurent les Hobbits et leur résolution à cultiver leur jardin à l’abri des soubresauts de l’histoire. La Terre du Milieu et son charme inchangé, sous un angle nouveau.

La cohérence de ce début d’épopée tient, enfin, à l’harmonie entre le fond et la forme. L’esthétique du clair-obscur répond à un univers où le Bien et le Mal sont en lutte permanente, jusque dans le cœur des personnages qui, comme Galadriel, sont à la croisée des chemins. La sagesse de son frère Finrod, qui apprend à la future reine de Lothlórien encore enfant, qu’il faut parfois consentir à toucher les ténèbres pour trouver la voie de la lumière, fait écho à celle de Sisyphe dans l’essai de Camus : « Il n’y a pas de soleil sans ombre, et il faut connaître la nuit. » Une route semée d’embûches et de tentations délétères, qui sera longue (Amazon a d’ores et déjà signé pour cinq saisons), mais qu’on voudrait bien, si la suite du voyage est à la hauteur de ces premiers pas, voir se prolonger sans fin.

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