David Le Breton : “Nous n’avons plus de face pour nous amener à répondre de nos actes”
« La banalisation du masque dans l’espace public produit un sentiment d’inquiétante étrangeté, car les visages disparaissent. Or, dans une société occidentale et individualiste comme la nôtre, les visages sont le lieu de l’extrême singularité, le lieu primordial de l’éthique, de la reconnaissance de l’autre. C’est à travers notre visage que nous sommes reconnus, identifiés à un âge, à un sexe, en tant que personne. Soudain, nous devenons anonymes les uns pour les autres, uniformes, ne sachant plus vraiment qui marche ou se tient devant nous, à côté de nous.
“Le masque réactive la méfiance que nous éprouvons face à autrui”
David Le Breton
Certes, une forme d’égalité s’instaure, dans la mesure où nous devenons tous anonymes et un peu indifférents. Les préjugés liés au faciès perdent leur support. Mais si vous éliminez le visage, vous éliminez le bonheur qu’il y a à circuler dans les rues, à regarder les visages des uns et des autres et à en être bouleversé. Le visage est un abîme de sens. Tellement de significations passent à travers lui que si vous le supprimez, c’est tout le lien social, et pas seulement son aspect problématique, qui est abîmé. Je ne crois pas du tout à une authenticité plus grande des relations avec des personnes masquées. Le masque réactive au contraire la méfiance.
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