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Le président russe Vladimir Poutine à Sochi le 3 décembre 2019. © Shamil Zhumatov/Pool/Reuters

Dossier “La guerre, alors qu’on n’y pensait plus”

Dans la tête de Poutine en Ukraine

Michel Eltchaninoff publié le 19 mars 2022 10 min

Tout le monde se demande pourquoi Vladimir Poutine s’est lancé dans une aventure sanglante – et potentiellement auto-destructrice – en envahissant l’Ukraine. Mais si on lit soigneusement ses déclarations depuis les années 2000, on comprend qu’il a mis en place une idéologie fondée sur les idées d’empire, de confrontation avec l’Occident et de guerre. Il semble désormais enfermé dans sa logique fictionnelle. Analyse.

 

C’est le moment de l’année le plus attendu par les poutinologues : le grand discours du président au Club Valdaï, un forum de discussion créé en 2004 et qui réunit des spécialistes de la Russie venus de tous les pays du monde. Debout devant son pupitre, en costume et cravate bleu nuit, Vladimir Poutine a beaucoup de choses à dire ce 21 octobre 2021 à Sotchi. L’anniversaire de la chute de l’Union soviétique, en décembre 1991, approche à grand pas. Celui qui considère que cet événement est « la plus grande catastrophe géopolitique du siècle » affirme que les trois décennies qui nous séparent de cette « tragédie » permettent de tirer les leçons historiques de la période qui s’est ouverte depuis la fin de la guerre froide. Son jugement est sans appel : l’Occident a failli et a emprunté le mauvais chemin. Sur le plan de la politique internationale, l’ivresse des vainqueurs de la guerre froide, leur sentiment de se retrouver sur « l’Olympe » s’est soldé par de cruelles désillusions. Il évoque les deux guerres menées par les États-Unis hors de ses frontières, en Irak et en Afghanistan. La première a donné naissance à Daech. Quant à l’occupation de l’Afghanistan, elle a abouti à une piteuse défaite, l’armée américaine s’étant enfuie en abandonnant le pays aux talibans. Sur les plans économique et social, la montée des inégalités en Occident – Poutine néglige de rappeler que celles-ci sont bien plus criantes dans son pays – explique les tensions politiques, ce qu’il a un jour appelé « la révolte des masses » : frustrations, manifestations de colère contre les mesures sanitaires, explosions d’« extrémisme » islamiste ou identitaire. Par contraste, la Russie se trouve, d’après lui, dans une situation beaucoup plus stable. Enfin, sur le plan idéologique, l’Occident aurait trahi ses postulats. Poutine évoque l’absence de coopération internationale dans la lutte contre la pandémie de Covid-19 (regrettant que son vaccin, le Spoutnik, n’ait pas été agréé par de nombreux pays) et fustige l’égoïsme des États occidentaux : « Mais où sont passés les principes humanistes de la pensée politique occidentale ? Dans les faits, on se rend compte qu’il n’y a rien, que du bavardage. » L’idéal de la mondialisation sans frontières est mort avec le Covid.

 

La défaite de l’Occident

Pour le maître du Kremlin, cette défaite de l’Occident a une cause morale et spirituelle, philosophique en somme. L’incapacité à se tenir aux principes fermes de la tradition et de la raison mène les États-Unis et maintenant l’Europe de l’Ouest à un délire idéologique. Lui qui aime tant appuyer sur les tensions qui existent dans les pays démocratiques s’en donne à cœur joie sur le wokisme, le renouveau de la lutte contre les discriminations raciales et de genre. Le président n’a pas de mots assez durs pour blâmer la volonté d’instaurer une « “discrimination inversée” de la majorité pour les intérêts des minorités », « l’exigence de refuser des notions aussi basiques qu’une maman, un papa, une famille ou même la distinction des sexes ». Le président russe clame que ce mouvement de négation du genre « est simplement à la frontière du crime contre l’humanité ». Il s’indigne de « choses monstrueuses » : « Quand on persuade les jeunes enfants qu’un garçon peut facilement devenir une fille et inversement […], on force un petit enfant, en l’éloignant de ses parents, à prendre des décisions qui risquent de briser sa vie. » Il fustige aussi la cancel culture. « La lutte pour l’égalité des droits et contre la discrimination se transforme en dogmatisme agressif à la limite de l’absurde, quand on cesse d’enseigner à l’école et dans les universités les grands auteurs du passé – comme Shakespeare –, parce qu’eux et leurs idées sont déclarées dépassées, comme ils disent. On déclare les classiques dépassés, parce qu’ils ne comprennent pas l’importance de la question du genre ou de la race. À Hollywood, on publie des mémos pour dire comment et sur quoi on doit faire des films, combien il faut de personnages de chaque couleur ou de chaque sexe. Le résultat est pire que la section agit-prop du Comité central du Parti communiste soviétique », se moque Poutine.

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Article issu du dossier "La guerre, alors qu’on n’y pensait plus" mars 2022 Voir le dossier
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