Dans la peau d’un clone
Objet médical ou juridique, le clone est rarement pensé comme un être moral. Mais qu’implique, dans la construction de son identité et dans le rapport au « nous » parental, le fait de se savoir la copie conforme de quelqu’un d’autre ?
Trois choses me frappent dans le débat autour du clonage :
1. L’extraordinaire disproportion entre les données de fait et la mobilisation morale qu’elles suscitent. La perspective encore hypothétique de cette biotechnologie reproductive a mobilisé, ces dix dernières années, plus de ressources théoriques, citoyennes, législatives, que les 5,6 millions d’enfants par an qui meurent de faim ou que les 2,6 milliards d’êtres humains qui n’ont pas accès à l’eau potable dans le monde. Toutefois, cette disproportion est elle-même un phénomène moral intéressant, qu’on ne peut pas se contenter d’ignorer ou de mépriser. Elle n’est pas imputable à la seule « panique morale », puisque quelques-uns des plus grands esprits ont voulu apporter leur pierre au débat, et souvent pour exprimer de manière fort argumentée leur opposition au clonage.
2. Le réductionnisme des défenseurs du clonage. La forme la plus courante de ce réductionnisme -consiste à dire que le clonage n’est qu’un outil de plus dans la panoplie médicale de la reproduction artificielle, d’où l’on tire deux conséquences : l’interdire serait violer un droit fondamental des parents à la reproduction, et la seule précaution à prendre est d’assurer au futur clone l’intégralité de ses droits fondamentaux, sans discrimination d’aucune sorte. Mais c’est là un -curieux aveuglement : vouloir un enfant par clonage, ce n’est plus vouloir un enfant, mais tel enfant. C’est le seul moyen de reproduction où l’aléatoire génétique ne soit pas respecté ; et si cette différence ne fait pas réellement une différence, on ne voit plus très bien ce qui pourrait constituer une différence pertinente. D’un point de vue normatif, on pourrait contrer cette forme de réductionnisme en développant la formule : l’aléatoire préserve l’altérité.
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