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Écologie

Contrôler les naissances pour sauver la Terre ?

Octave Larmagnac-Matheron publié le 25 juin 2022 4 min

« La nature n’acceptera pas qu’on ait dix milliards d’habitants. On a dépassé six limites planétaires. La seule question, c’est de savoir comment va se faire la régulation. Ou bien on la gère, ou bien ça se fera par des pandémies, des famines et des conflits », affirmait récemment l’ingénieur Jean-Marc Jancovici. Six limites planétaires ? Changement climatique, érosion de la biodiversité, perturbations globales du cycle de l’azote et du phosphore, changements d’utilisation des sols, utilisation de l’eau douce… Le constat est en effet alarmant.

Mais le propos, perçu comme une réactivation des thèses de l’économiste Thomas Malthus, a beaucoup fait réagir dans les milieux écologistes. « On peut diviser la population par 5, si on vit tous à l’américaine, rien n’aura changé », notait par exemple cet internaute. La surpopulation est-elle vraiment un problème écologique ? C’est peut-être plus compliqué que cela.

 

  • Comment raisonne au juste Thomas Malthus pour défendre une régulation active de la croissance démographique ? Dans son Essai sur le principe de population (1798), il souligne que, « lorsque la population n’est arrêtée par aucun obstacle, elle double tous les vingt-cinq ans, et croît ainsi de période en période selon une progression géométrique » (1, 2, 4, 8, 16, 32…). Au contraire, « les moyens de subsistance, dans les circonstances les plus favorables à la production, ne peuvent jamais augmenter à un rythme plus rapide que celui qui résulte d’une progression arithmétique » (1, 2, 3, 4, 5, 6...), soit beaucoup plus lentement que la population. La catastrophe, en l’absence de contrôle des naissances, est ainsi inévitable.
  • La rareté des ressources conduit alors à différents processus de régulation « naturelle » : « Lorsque [la] population a atteint le niveau qu’elle ne peut dépasser, tous les obstacles qui empêchent son accroissement et ceux qui la détruisent se manifestent intensément. Les habitudes vicieuses se multiplient, l’abandon des enfants se généralise, les guerres et les épidémies deviennent plus fréquentes et plus meurtrières. Ces causes continuent à se manifester jusqu’à ce que la population soit réduite au niveau compatible avec les moyens de subsistance. » On retrouve, en particulier, sous la plume de Malthus, les deux menaces brandies par Jancovici : les « conflits », liés à la rivalité dans l’accès aux ressources, et les « épidémies », qui découlent ou du moins sont accentuées par la santé précaire d’une population affaiblie par une mauvaise alimentation et de mauvaises conditions de vie (« l’entassement des hommes dans leurs maisons et une nourriture mauvaise ou insuffisante », dit Malthus).
  • Les thèses de Malthus ont, depuis leur formulation, été largement battues en brèche par les faits : au cours du XXe siècle, la croissance démographique s’est ralentie dans certaines aires du globe, et surtout la production – notamment agricole – a connu, grâce au progrès technique, une croissance beaucoup plus rapide que ne s’y attendait Malthus. Pourtant, le thème malthusien de la surpopulation resurgit, en particulier chez certains penseurs de l’écologie, mais sur un mode que l’on peut appeler différé : certes, le progrès technique permet pour l’instant une croissance effrénée de la production, mais cette intensification se condamne à terme elle-même en détruisant ses conditions de possibilité (en particulier en dégradant les sols, par l’usage considérables d’engrais et pesticides, mais aussi en déréglant le climat, en portant atteinte à la biodiversité, etc.). Les progrès de la production, de ce point de vue, sont une illusion temporaire qui finira par imploser. Entraînant, dans son sillage, des guerres mais aussi des épidémies d’autant plus dévastatrices que les hommes, trop nombreux, vivent désormais entassés les uns sur les autres dans des villes démesurées.
  • L’argument, cependant, ne considère qu’une facette du problème. Certes, au niveau de consommation et d’empreinte carbone d’un Américain actuel, une population de dix milliards d’habitants serait sans doute insoutenable, incompatible avec la reconstitution durable des ressources terrestres. Mais qu’en est-il si le niveau de consommation renouait, à l’avenir, avec une certaine sobriété ? Le problème de la capacité porteuse (taille maximale d’une population dans un milieu donné), trop souvent abordé par le prisme restreint de la surpopulation, concerne beaucoup plus largement nos modes de vies, et comprend une multitude de facteurs sur lesquels il est possible d’agir. La manière dont nous produisons, en particulier. Le défi démographique a, par souci d’efficacité et de rationalisation, conduit de très importants mouvements de déforestation, et à l’avènement d’un élevage intensif hors-sol. Ces deux éléments jouent un rôle décisif dans la multiplication des zoonoses comme (probablement) le Covid-19. Le niveau de population n’est pas lui-même en cause, mais plutôt la manière dont il est pris en charge. On peut douter, de ce point de vue, d’une fatalité « naturelle » qui, si la population mondiale atteignait dix milliards d’habitants, engendrerait mécaniquement de violentes épidémies.
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