Comment Magnus Carlsen a mis “K.O. debout” son adversaire Ian Nepomniachtchi
Magnus Carlsen conserve son titre. La semaine dernière à Dubaï, l’indéboulonnable Norvégien a remporté, pour la cinquième fois de sa carrière, le championnat du monde d’échecs – en battant à plate couture l’actuel n°4 mondial, le Russe Ian Nepomniachtchi. L’ancien champion de la discipline Denis Grozdanovitch, devenu écrivain, nous explique comment.
« Sept parties nulles et quatre victoires à zéro. Magnus Carlsen n’a laissé aucune chance à son adversaire Ian Nepomniachtchi lors des derniers championnats du monde d’échecs. Pourtant, au début du match, le prétendant au trône avait laissé planer le doute en résistant vaillamment aux manœuvres sournoises de l’implacable champion du monde, mais sans réussir, toutefois, à faire mieux qu’à égaliser le jeu dans une série de parties nulles. Cependant, il y eut cette fatidique sixième partie interminable (136 coups, ce qui est énorme aux échecs !) où le vainqueur a justifié ce qui apparaît comme son infaillibilité dans les positions épineuses.
Louvoiements et pièges minuscules
Carlsen s’est en effet forgé cette réputation dans le monde échiquéen d’être invincible dès l’instant où la partie est parvenue au stade final. Cette invincibilité tient tant à un sens stratégique et à une puissance de calcul exceptionnels qu’à une ténacité physique et mentale de marathonien. Il semblerait qu’il soit capable de rester des heures en face de l’échiquier sans subir la moindre baisse de régime intellectuel. Comme pour Björn Borg en son temps ou Rafael Nadal de nos jours, certains se sont demandé s’il n’y avait pas un ADN extraterrestre dans ses gènes.
Toujours est-il qu’il faut examiner cette sixième partie pour constater que, dans une position apparemment bloquée et sans issue, et promise à la nullité pour la plupart des autres grands maîtres, Carlsen, à force de louvoiements minuscules (à la limite de la répétition de coups provoquant la nullité) mais truffés de pièges subtils, a fini par étourdir son adversaire, le poussant à la faute. On peut bien dire que lors de cette fin de partie d’anthologie et dans le déroulé de laquelle la plupart des bons joueurs n’auraient jamais flairé la moindre possibilité d’évolution, le champion norvégien, accumulant pouce par pouce de minuscules avantages à chaque nouveau coup, a néanmoins réussi à améliorer sa position et acculer son adversaire à l’abandon. Du grand art stratégique ! Il faut ajouter à cela un sens esthétique consommé qui lui permet d’harmoniser les mouvements de toutes les pièces – un peu comme un chef d’orchestre fait concourir tous les instruments dans une cohésion d’ensemble.
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