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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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C’est du propre !

Ariane Nicolas publié le 07 octobre 2022 3 min

Alors, ça se passe bien la sobriété énergétique ? Faute d’allumer le chauffage, notre journaliste Ariane Nicolas fait désormais partie de ceux qui vivent dans un monde sous-éclairé rempli d’objets en pilou. Pas encore trop rude, mais tout de même…S’il y a un domaine en revanche où la sobriété ne devrait pas trop l’affecter, c’est l’hygiène. Elle défend ses habitudes dans notre billet du jour !

 

« Depuis toute petite, j’ai un rapport compliqué avec le rituel de la douche. Tandis que la norme sociale impose un lavage complet du corps quotidien, j’en suis plutôt à tous les deux jours. Les “jours sans”, je n’en baigne pas pour autant dans ma crasse, attention ! J’effectue une toilette de chat face à mon lavabo, où les “zones à risque” (humides, disons) sont nettoyées, ainsi que le visage. Mais je n’ai jamais bien compris le besoin de me racler le derrière des genoux ou les avant-bras tous les matins sous une trombe d’eau. Ce n’est pas comme si je travaillais à la mine, mon activité principale consistant à rester assise devant un écran.

Outre le fait qu’avec cette méthode, je gagne du temps et de l’énergie – à tous les sens du terme, j’éprouve aussi un réel intérêt à ne pas m’en tenir à une arithmétique de l’hygiène. J’aime vérifier si j’ai besoin de laver mon corps ou mes habits. Pour mener mon enquête, je me sers de la vue bien sûr, mais surtout de l’odorat. C’est le critère le plus important à mes yeux : renifler, tel un animal curieux, et en conclure une action adéquate. Mes conjoints s’en sont souvent amusé, mais en l’absence de plainte de leur part – on m’a toujours assuré que “je sentais bon” – je ne compte pas me plier aux injonctions hygiénistes de l’époque.

Me servir de l’odorat comme d’une boussole fait de moi une enfant du XVIIIe siècle, en quelque sorte. Dans Le Miasme et la Jonquille (1982), l’historien Alain Corbin montre comment l’odorat a soudain fait son apparition sur la scène de l’histoire : “À partir du milieu du XVIIIe siècle, les odeurs sont plus vivement ressenties, comme si un brutal seuil de tolérance s’était opéré.” On se met à aérer les intérieurs, à éloigner les immondices des rues et à préférer les effluves fleuris aux lourdes senteurs animales. Pour contrer les maladies et le jugement social, s’immisce partout “le silence olfactif d’un environnement désodorisé”. La révolution pastorienne mettra fin à cette police de l’olfaction, à laquelle les bactéries, par définition, échappaient.

Avec l’odorat, il n’est pas seulement question de santé, mais aussi d’identité même. Si au XVIIIe siècle, on cesse de se cacher derrière des odeurs ancestrales, c’est pour mieux s’affirmer comme individu : “Il convient de laisser percer l’atmosphère individuelle, révélatrice de l’unicité du moi.” Raison pour laquelle, sans doute, je suis à l’affût des produits les moins odorants : savon de Marseille basique, crème intraçable, lessive sans parfum. J’aime l’idée que mon odeur naturelle l’emporte sur le reste. Mon attachement aux pouvoirs du nez m’a ainsi fait prendre conscience d’un paradoxe sur l’identité : c’est parfois en tendant vers le neutre que l’on est le plus “soi”. »

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