Carolyn Carlson, signer le sourire
Petite chose que le sourire. Presque imperceptible, fugace, fragile, mais aussi éclatant, lumineux, entraînant. Et s’il était le tout premier des signes ? L’étoile-chorégraphe Carolyn Carlson interroge ce symbole d’humanité à travers une chorégraphie contemporaine créée en 1977, Signes, et présentée à l’opéra Bastille jusqu’au 16 juillet.
Au commencement était la peinture. Sept peintures, plus précisément : d’immenses paysages monochromes signés Olivier Debré (1920-1999). Car pour le ballet Signes, créé en 1977 et chorégraphié par Carolyn Carlson sur une musique de René Aubry, une fois n’est pas coutume, c’est le décor qui inspire la danse. De son maître Alwin Nikolais (1910-1993), la chorégraphe retient en effet l’idée du spectacle total dans lequel mouvement, temps, espace, lumière et musique composent en harmonie.
Danser l’émotion, la peinture et le sourire
À 80 ans, Carolyn Carlson, qui se surnomme elle-même « la grand-mère de la danse contemporaine en France » reprend pour la sixième fois ce classique du ballet au XXe siècle. Il s’agit de donner vie, par le corps, aux « signes paysages » d’Olivier Debré. À partir des années 60, ce dernier s’éloigne en effet de la peinture historique et figurative de ses débuts pour exprimer, à travers d’immenses monochromes ponctués de taches de couleurs, une sorte d’émotion charnelle du paysage. Sur scène, la couleur, immobile sur le fond, s’incarne dans le corps des danseurs autant que dans leur costumes. Aussi, ce sont moins sept tableaux qui nous sont présentés que sept paysages émotionnels, comme autant de haikus dansés (également poétesse, Carlson entretient avec la calligraphie un rapport très proche, qui se ressent dans la gestuelle nette et précise de ses danseurs).
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