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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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Série : les étudiants face à la pandémie

Camille Florance, 22 ans, en M1 de philosophie : “Le confinement, une révélation philosophique mortuaire et douloureuse”

Camille Florance, propos recueillis par Hannah Attar publié le 09 février 2021 3 min

Isolement, ennui, manque d’accompagnement, détresse psychologique, difficultés économiques… Les étudiants ont été frappés de plein fouet par la crise sanitaire. Nous avons décidé de leur donner la parole pour faire entendre leurs souffrances, mais aussi leurs espérances et leurs conseils philosophiques pour affronter la pandémie.

Aujourd’hui, Camille Florance, 22 ans, étudiante en première année de master de philosophie esthétique et d’histoire de l’art à l’université de Paris 1 Panthéon-Sorbonne. Si la crise sanitaire a déclenché chez elle une conscience politique plus aiguisée, c’est par le regard esthétique qu’elle a trouvé le moyen de regagner, dans un environnement morne et une motivation tombée au plus bas, un espace de liberté et d’action. 

Le témoignage de Camille Florance :

« Pour le premier confinement, je rejoins mes parents en province. C’est un cadre confortable, mais les discussions tournent autour de l’actualité, il est difficile de prendre le recul nécessaire, une routine alourdissante se met en place. En observant mon entourage, je pressens que face à cette situation inédite voire absurde, la pente vers le complotisme est glissante. Lorsqu’on manque de clés de raisonnement, c’est le moyen de se rebiffer contre le politique qui nous assaille. J’ai ainsi découvert à quel point le politique peut s’immiscer dans nos vies. Je ne pensais pas, par exemple, que l’au-revoir adressé à mon petit-ami en mars deviendrait un adieu. D’abord révoltée, j’ai décidé de prendre les choses avec une froideur critique. Mais toutes mes considérations d’ordre existentiel débouchaient sur une réflexion politique. Cela a été un déclic qui m’a donné envie de questionner mon rapport au politique.

Avec le second confinement, j’entre dans un grand désarroi moral. Je le passe dans une chambre parisienne de onze mètres carrés, sans lumière naturelle, que j’ai choisie par compromis, pour profiter de la vie sociale, et dans laquelle je me retrouve enfermée. Je décide d’en faire une expérience d’ascétisme, l’occasion d’un retour vers l’essentiel. Mais la grande solitude rend vite la situation insoutenable. Le trop-plein d’essentiel a rendu caduque mon expérience. L’essentialité, ce n’est pas ce qu’on coche sur une attestation. C’est d’abord un cadre de vie décent – et celui qu’on propose aux étudiants est souvent invivable –, et des rapports humains. Quand on est étudiant, le contact avec son professeur est primordial. Je me suis ainsi rendu compte que la philosophie n’a rien de livresque et qu’il n’est pas possible de l’étudier reclus chez soi. Elle se fait dans l’échange, des idées mais aussi des corps et des expériences. Le confinement a été une révélation philosophique, mais mortuaire et douloureuse.

Il m’est peu à peu devenu très difficile de travailler et d’écrire, ce qui suscitait des angoisses nocturnes. La solitude me pesait énormément. Sans stimulation, tout reposait sur une motivation intérieure qui faisait défaut. Et puis, au cours d’une lecture, je rencontre l’idée selon laquelle “être libre, c’est faire de sa vie une œuvre”. J’ai alors commencé à regarder mon espace pitoyable avec un regard esthétique. J’ai voulu le rendre propice à la vie, à la réflexion et à la production. Avec quelques plantes, de la musique, en déplaçant mon bureau au centre de la pièce pour le placer face à la fenêtre, j’ai créé une image d’Épinal de l’écrivain. Ce regard esthétique m’a permis de reprendre le pouvoir sur cet espace qui m’oppressait, et de retrouver une certaine liberté dont la situation nous prive.

Pour les étudiants, le confinement tombe à un moment crucial. En faisant des études dans les sciences humaines, je suis loin d’avoir une vocation toute tracée. Dans ce type de parcours, on se construit par les rencontres, les stages, le jeu de l’écriture, en menant des projets individuels et collectifs. Sans ces stimulations extérieures et une part de hasard, il est difficile de se projeter et d’initier quoi que ce soit. On évolue dans une ville et un milieu qu’on ne connaît pas, sans aucun ancrage matériel. Or là, tout se retrouve dématérialisé. On est à un âge critique, où l’on se construit par les expériences, on se lance tout juste dans la vie, et cet élan est rompu. »

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