Arnaud Montebourg: « Contre le règne de l’arbitraire »
« Voltaire est un compagnon de route qui ne m’a jamais quitté. Ses Lettres philosophiques (1734) ont été pour moi une apparition, et je les lisais à voix haute quand j’étais jeune avocat. Dans ce chef-d’œuvre, il attaque avec sa verve décapante à la fois l’Église et les sectes minoritaires rattachées au protestantisme, comme les quakers, qui se développaient dans l’Angleterre des xviie et xviiie siècles. Il fait aussi l’éloge de la monarchie parlementaire anglaise, régime caractérisé par une juste balance entre l’exécutif et le législatif. Quand j’ai appelé de mes vœux la mise en place d’une VIe République et rédigé sa Constitution, je me suis appuyé sur Pierre Mendès-France et sa “République mo-derne” mais aussi sur cette tradition portée par Voltaire, qui critique la concentration de l’autorité dans les mains d’un seul, le monarque (le président de notre République actuelle), et plaide en faveur de la tempérance et de l’équilibre. Voltaire manie la force du verbe pour servir la modération sur le plan politique : ce cocktail paradoxal serait tout à fait utile aujourd’hui. Je fais miens les combats de ce militant infatigable contre l’arbitraire et l’intolérance. Sa lutte contre l’extrémisme religieux est toujours aussi nécessaire ; que n’aurait-il pas écrit sur le port de la burqa, cette dérive obscurantiste ! Quant à son plaidoyer pour une tolérance universelle, pour un respect inconditionnel de l’être humain quelle que soit son origine, il me paraît indispensable tant cet idéal est menacé. Comme le cas des Roms le montre, le pouvoir actuel adopte une rhétorique stigmatisante. Tandis que dans le langage officiel, une présomption de culpabilité, premier pas vers l’arbitraire, s’abat sur ce groupe au seul motif de ce qu’ils sont, une protection exceptionnelle est accordée à un ministre, Éric Woerth, qui semble avoir outrepassé la loi. Lorsque l’égalité devant la loi est rompue, la République s’effondre conceptuellement, et s’ouvre le règne de l’arbitraire. Contre ces dérives, Voltaire nous enseigne l’intransigeance et appelle à défendre mordicus des principes humanistes. Finalement, Voltaire apparaît comme le maître-penseur de la situation actuelle. »
Faites-vous primer le désir comme Spinoza, la joie à l'instar de Platon, la liberté sur les pas de Beauvoir, ou la lucidité à l'image de Schopenhauer ? Cet Expresso vous permettra de le déterminer !
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