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 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
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© Manuel Braun pour PM

Alain Finkielkraut: “Je pense sous le choc des événements”

Martin Legros publié le 19 septembre 2013 16 min

Visionnaire pour les uns, réactionnaire pour les autres, ce “mécontemporain” sait se faire des ennemis, qu’il dénonce la crise de l’école ou de l’intégration. Mais c’est aussi un philosophe rigoureux pour qui le concept n’est rien sans l’affect. Nous l’avons rencontré à l’occasion de la sortie de son dernier livre “L’Identité malheureuse”.

« Un homme qui ne sait pas ne pas réagir, qui ressent un besoin indomptable d’élever la voix quand il rencontre quelque chose qui lui paraît stupide ou injuste, mais qui n’a aucun sens tactique ou stratégique, autrement dit quelqu’un qui a un grand talent pour se faire des ennemis », c’est en ces termes que Milan Kundera dépeint Alain Finkielkraut. De fait, depuis qu’il a surgi sur la scène intellectuelle à la fin des années 1970 pour sonder la « sagesse de l’amour », il a appris à élever la voix ! À force de réagir de manière intempestive à tous les événements qui nous frappent et sur toute la surface de l’espace public, il suscite la dissension.

Alain Finkielkraut en 6 dates

  • 1949 Naît à Paris 
  • 1969 Reçu à l’agrégation de lettres modernes 
  • 1974 Enseigne le français au lycée professionnel de Beauvais 
  • 1987 Fait paraître La Défaite de la pensée (Gallimard) qui l’installe dans le paysage intellectuel français comme un critique de la modernité et lance la revue Le Messager européen (P.O.L, puis Gallimard) qui défend l’héritage de la dissidence et les petites nations issues de l’ancien bloc de l’Est 
  • 1989 Nommé professeur de philosophie et d’histoire des idées à l’École polytechnique 
  • 2000 Fonde avec Benny Lévy et Bernard-Henri Lévy l’Institut d’études lévinassiennes, à Jérusalem

Pour les uns, il est celui qui a vu venir la crise de l’école et de l’intégration, la montée en puissance du relativisme et de l’égalitarisme démocratique, le retour du fascisme et de l’épuration ethnique dans les Balkans. Pour les autres, son obsession du déclin et de la barbarie, son culte pour la méritocratie républicaine et son attachement à Israël l’ont rendu aveugle sinon complice des clivages réels qui traversent le monde contemporain. Mais même ceux qui l’accusent d’avoir basculé dans le camp de la réaction voient en lui un interlocuteur indispensable, parce qu’il permet à chacun, grâce au désaccord même qu’il provoque, de tirer au clair sa propre pensée. D’où tire-t-il ce pouvoir ? Il a bien du mal à le savoir, lui qui doute foncièrement de ses capacités.

Il faut le voir ruminer son angoisse avant de passer à la télévision, de délivrer une conférence… ou de se prêter à l’entretien qui va suivre. Spectacle étonnant : dans cet appartement feutré empli de silence et de livres, le voilà qui se lève toutes les dix minutes pour aller chercher dans tel ou tel volume de Levinas, Arendt ou Cioran une phrase à l’appui de son raisonnement. C’est là qu’il puise les ressources pour penser, c’est-à-dire faire face à l’imprévisibilité des événements et à l’adversité du monde. Tel un pêcheur de perles, il récolte des citations de ses lectures dans des carnets qui lui servent de viatique. Où qu’il aille, quoi qu’il fasse, quel que soit l’enjeu, elles l’accompagnent. Et la lumière vient quand il parvient à faire résonner telle ou telle pensée surgie du fond des âges ou telle ou telle péripétie d’un grand roman avec tel ou tel événement à la pointe de notre actualité. On ne sait pas alors s’il faut davantage le créditer pour avoir éclairé sous un nouveau jour une situation contemporaine ou pour avoir redonné vie à une œuvre du passé. Mais tel est l’art de cet « homme-livres ». Qui court un seul risque, mais il est de taille : absorber entièrement le monde de la vie dans l’espace de la culture. N’est-ce pas le risque même de la pensée ?

 

Depuis Le Juif imaginaire, paru en 1980, jusqu’à L’Identité malheureuse, qui paraît ces jours-ci, cette question de l’identité est au cœur de votre réflexion. Pouvez-vous décliner la vôtre ?

Alain Finkielkraut : Je suis issu d’une famille de rescapés. Mon père a émigré en France dans les années 1930. Il a été déporté en 1942 à Auschwitz. Trois ans après la libération, il a rencontré à Paris ma mère dont la trajectoire avait également été terrible : née à Lvov, ville polonaise aujourd’hui en Ukraine, elle s’est réfugiée dans la gueule du loup, en Allemagne, où elle a travaillé avec de faux papiers avant de traverser clandestinement la frontière pour passer la dernière année de la guerre à Anvers, en Belgique. Ils avaient l’un et l’autre perdu toute leur famille. Ils étaient seuls au monde. Je fais partie de cette génération de Juifs ashkénazes qui n’ont pas eu de grands-parents. Et mes parents, qui n’étaient pas religieux mais qui respectaient peu ou prou la tradition juive, ont renoncé à tout rituel, dès lors qu’ils ne vivaient plus sous les yeux de leurs propres parents. J’ai donc grandi dans l’obsession juive et l’absence totale de contenu juif. J’ai eu une enfance heureuse et protégée, mais la  tentation était grande, pour moi comme pour d’autres, de me définir à travers l’identification gratifiante à ce terrible malheur qui n’était pourtant pas le mien. N’avais-je pas hérité, avec cette persécution que je ne subissais plus, d’un destin exceptionnel ?

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Article issu du magazine n°73 septembre 2013 Lire en ligne
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