Voir la mer

Une recension de Victorine de Oliveira, publié le

Dans L’Eau et les Rêves, Gaston Bachelard fait de l’élément liquide « une réalité poétique complète » qui unit sous une surface changeante une variété de spectacles. Comme en écho à la pensée du philosophe, Sophie Calle a capturé, sous la surface des visages, l’émotion d’un regard confronté pour la première fois à la mer. C’est à Istanbul, sur les rives de la mer Noire, qu’elle les a rencontrés puis accompagnés, ces gens qui n’avaient jamais vu la mer. Des enfants, bien sûr, mais aussi un vieil homme, des femmes aux foulards fleuris, d’abord de dos, face au rivage, puis tournés vers l’objectif. La série des portraits cadrés serrés, exposée une première fois en 2012 à Arles, ne donne pas dans l’explosion de joie ou de larmes attendues. À peine un froncement de sourcils indique-t-il l’étonnement curieux, le trouble que soulève une masse mouvante à la fois terrible et rassurante. « Dans nos yeux, c’est l’eau qui rêve », écrivait Bachelard…

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