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Vivian Maier, Chicago, 1956 - tirage argentique, 2014. © Estate of Vivian Maier, Courtesy of Maloof Collection and Howard Greenberg Gallery, NY

Exposition

Vivian Maier ou l’art de photographier en secret

Victorine de Oliveira publié le 19 septembre 2021 3 min

Longtemps, le travail de Vivian Maier est resté caché dans des cartons au fond d’un box, jusqu’à ce qu’une vente aux enchères le rende à la lumière. En 2007, John Maloof, passionné d’histoire, se procure pour 400 dollars un lot de 30 000 négatifs qui capturent d’une façon saisissante la vie du Chicago des années 1960. Au fil des tirages, il comprend qu’il a déniché un trésor, celui d’une photographe dont personne n’avait entendu parler jusqu’alors – à l’exception des familles chez qui elle avait travaillé comme gouvernante. Cette femme, c’est Vivian Maier (1926-2009). Il semble que toute sa démarche photographique soit hantée par un désir de secret.

Jusqu’au 16 janvier 2022, à Paris, le musée du Luxembourg expose une partie de son œuvre, celle d’une photographe qui voulait voir sans être vue.

 

  • Se rendre invisible. Vivian Maier photographie essentiellement dans les rues, celles de New York et Chicago, où le mouvement des corps et les traits du visage la frappent pour leur cinétisme et leur expressivité. Certains portraits semblent posés, mais la plupart sont pris sur le vif, sans que le modèle n’ait visiblement conscience de la présence de la photographe. Les commissaires de l’exposition le précisent : elle ne discute que très peu avec ses modèles et ne cherche pas particulièrement d’interaction avec eux. Les regards sont donc rarement frontaux, mais plutôt tournés vers un élément de la scène – un journal ouvert, d’autres passants, un détail que l’on ne peut que deviner. Une discrétion rendue possible grâce à l’appareil qu’elle utilise, un Rolleiflex. Ce boîtier moyen format implique une posture, une gestuelle propice au secret : outre le fait qu’il peut passer chez une femme pour un petit sac à main, il dispose d’un viseur sur le haut du boîtier, ce qui signifie qu’il n’y a pas besoin de le lever à hauteur des yeux. Lorsqu’elle photographie, Vivian Maier s’incline donc, en quelque sorte, devant son sujet.
  • Se loger dans les interstices. Le Rolleiflex implique également de cadrer à hauteur de hanche, donc de capter tout ce qu’il se passe à moins d’un mètre de hauteur : un pied que des chaussures à talon font peut-être souffrir, les mains d’un couple étroitement entrelacées, un bout de jupon en dentelle dévoilé par une bouche d’aération, des bas de contention, un bout de fesse qui dépasse des lattes d’un banc en bois… Si les gratte-ciel de New York et de Chicago invitent la plupart des photographes à lever le nez, Vivian Maier préfère se pencher et s’intéresser à de petits détails à la fois ordinaires et anodins. Photographier à cette hauteur, c’est aussi accorder une place privilégiée aux enfants. Vivian Maier a été nounou pendant quarante ans, dans plusieurs familles. Elle photographiait essentiellement lors des promenades, emmenant parfois les enfants dont elle avait la garde dans des quartiers moyennement sûrs. Sous son objectif, des enfants de toute classe sociale défilent, gamins des rues ou petites filles en habit du dimanche. C’est tout un univers de petits genoux cagneux et de robes miniatures qui se déploie, bien mis en valeur dans l’exposition.
  • Jeu de piste. La dernière salle est consacrée à ce que les commissaires appellent des « indices », soit des objets solitaires que Vivian Maier a photographiés sans que l’on sache bien pourquoi. C’est un formulaire remplie par la photographe elle-même, une paire de gants de travail abandonnés, une vitre dégoulinante de pluie… Autant d’objets qui signalent autre chose, une autre présence absente du cadre. Vivian Maier a très peu cherché à faire connaître son travail, bien qu’elle ait été consciente de son talent. Sur la raison de ce secret bien gardé, on ne peut faire que des hypothèses, ses probables troubles psychiques formant peut-être une partie de l’explication. En effet, Vivian Maier souffrait manifestement du syndrome de Diogène, elle qui accumulait compulsivement toutes sortes de choses et notamment des journaux, dont elle ne jetait aucune édition ; ceux qui l’ont connue témoignent en tout cas d’une personnalité excentrique, forte et singulière au point de sombrer dans la paranoïa vers la fin de sa vie, et elle pouvait parfois se montrer tyrannique, voire brutale avec les enfants qu’elle gardait – une dimension biographique trouble absente de l’exposition. 
  • Même sous le feu des projecteurs, les photographies de Vivian Maier demeurent donc secrètes. Elles témoignent d’une volonté presque contradictoire : dissimuler autant que dévoiler, dans un même geste. Montrer son travail, c’est au fond épaissir un peu plus le mystère.
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