Spinoza politique. Le transindividuel

Une recension de Frédéric Manzini, publié le

On connaissait déjà Étienne Balibar nourri de la lecture de Marx, on le découvrira compagnon de longue route de Spinoza. Ce livre est l’occasion de retracer son parcours : il rassemble la quasi-totalité des études, revues et corrigées, que Balibar a consacrées tant à la théorie politique de Spinoza qu’à son rapport à la politique de son temps. Le philosophe de l’« égaliberté » puise chez l’auteur du Traité théologico-politique les questions qui l’animent sur l’articulation, en démocratie, du commun et de la multitude. Comment fonder la démocratie à partir des tensions qui la traversent ? N’y a-t-il pas une contradiction à vouloir gouverner un peuple conçu comme une force multiple et instable, dont l’unité collective n’est qu’approximative ? Balibar esquisse une solution avec la notion de transindividualité, qu’il emprunte à Simondon, pour expliquer comment Spinoza pense les individus, non comme des atomes autosuffisants, mais dans leur processus de construction et de régénération permanente en interaction avec les autres. Une bonne manière, selon l’universitaire, de dépasser autant l’individualisme (pour lequel la société civile serait une limite à l’autonomie individuelle) que l’organicisme (pour lequel la liberté des citoyens menacerait la souveraineté de l’État). Précisions que, malgré sa solidité et sa cohérence, les difficultés techniques de ce parcours spinoziste n’en font pas pour le lecteur une promenade de santé !

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