Relire

Une recension de Philippe Garnier, publié le

La relecture d’un livre et l’érotisme ont un point commun : c’est par la répétition que naît l’apprentissage du plaisir. « Que relisez-vous ? » C’est la question que l’essayiste et historienne Laure Murat a posée à des dizaines d’écrivains, de libraires, de journalistes et d’éditeurs. Au cours de cette enquête, beaucoup le confient : la relecture ne fait qu’accroître leur désir du texte qu’ils retrouvent. Roland Barthes considérait la relecture comme la seule lecture créative, dans la mesure même où la répétition contiendrait la promesse de se voir enfin révéler ce que l’on sait déjà. Elle nous replonge dans un acte de compréhension qui a déjà eu lieu, elle nous le fait revivre dans une pureté qui s’accroît. Pour plusieurs relecteurs interrogés, cependant, la relecture est aussi une façon de se cartographier soi-même au fil du temps, un marqueur du goût et de l’expérience.

Toujours à l’affût de l’étrange comportement du peuple des lecteurs, peut-être hantée par sa disparition annoncée, Laure Murat, avec Flaubert à la Motte-Picquet (Flammarion, 96 p., 8 €), a mené un autre genre d’enquête dans le métro parisien : pendant des mois, elle a recensé tous les livres lus dans les rames d’une ligne et observé de près leurs lecteurs. Elle en tire un savoureux récit d’espionnage suburbain.

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