Quand dire, c’est vraiment faire

Une recension de Frédéric Manzini, publié le

Agir, c’est bien. Mais parler peut s’avérer aussi efficace. Car on a tort d’opposer aux actes concrets les paroles supposées vaines, inutiles et bavardes. Dans son classique Quand dire, c’est faire, le philosophe anglais John Austin (1911-1960) avait déjà mis en évidence l’existence de paroles performatives, qui ne décrivent pas des faits mais les accomplissent par leur simple énonciation. Dire « Je te promets », par exemple, c’est s’engager réellement ; dire « La séance est ouverte », c’est effectivement la lancer. L’originalité du livre de Barbara Cassin consiste à relire, à l’aune de cette théorie du pouvoir des mots, des éléments apparemment aussi éloignés qu’une parole d’Homère, le rôle de la rhétorique selon Gorgias… mais aussi le discours de la Commission de la vérité et de la réconciliation en Afrique du Sud, le « Yes we can » de Barack Obama et même les fake news qui, martelées, auront de réelles répercussions. De l’amour jusqu’à la politique, le performatif est partout. Pensez-y au moment de souhaiter un « Joyeux Noël ! »

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