Philosophie de l'écran: Dans le monde de la caverne?

Une recension de Philippe Nassif, publié le

Le problème qui obsède la philosophe et économiste Valérie Charolles est simple : « Nous ne savons pas accueillir le nouveau ; nous ne savons que lui donner le nom de crise. » D’où notre sentiment d’impuissance face à la prolifération des médias et à la domination financière d’une poignée de conglomérats. C’est qu’il faut trouver de nouveaux outils de pensée, soutient cette ambitieuse et rigoureuse Philosophie de l’écran. Nous avons en effet quitté le monde naturel qui dominait au temps des Lumières pour entrer dans un monde fabriqué : celui des écrans, fait « d’échos et de miroitements ». Avec les écrans – ceux des médias, des places boursières ou des réseaux –, ce n’est pas seulement notre accès à la réalité qui a été reconfiguré, mais la réalité elle-même, devenue instable, hasardeuse, rétive à toute moyenne. D’où l’erreur des sciences économiques : elles miment les sciences naturelles, alors qu’elles ne sont qu’un jeu de normes sur lesquelles il nous appartient démocratiquement de délibérer. Il s’agit donc de penser une science moins déterministe, à l’instar de la physique quantique, afin de prendre en compte le non-durable et le contingent qui rythment le monde des écrans. Nous pourrions alors partager les richesses autrement, user des réseaux pour des rapports de force plus coopératifs, ou accueillir les logiques de l’autoproduction technologiquement assistée. Changeons le cadre, démontre Valérie Charolles, et les états de crises laisseront place à des chemins nouveaux.

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