Petite Philosophie de la mer

Une recension de Jean-Marie Durand, publié le

« Le vent du large nous appelle. Il s’en vient libérer nos vies empêchées. » Sur le sable, face à la mer, naviguant sur elle, c’est notre vie que l’on contemple, suggère Laurence Devillairs dans un petit traité de sagesse pratique. « La mer n’est pas un paysage. C’est une apparition. On n’en fait pas le tour, on peut difficilement en décrire l’aspect et les contours. Elle ne s’explore pas vraiment, elle s’impose, insondable, impénétrable », estime la philosophe. Ce que nous avons à apprendre de la mer, ce sont moins ses secrets à elle que ses dépôts sur nos corps et nos âmes, le pouvoir qu’elle a de nous révéler nos propres secrets. Apprenons à nous mettre à l’écoute de la vérité qu’elle nous délivre, à travers ses mythes, ses personnages, ses phénomènes physiques. Laurence Devillairs propose ainsi quelques principes éthiques comme conditions d’une vie bonne sous l’effet des embruns. Son livre prend l’allure d’une odyssée existentielle, d’un petit traité des grandes vertus, invitant à cultiver en nous tout ce qui peut rendre plus vivant : apprivoiser l’inconnu, cultiver sa singularité, accueillir ce qui vient, s’abriter des vents, redonner du goût aux choses, reconnaître le vrai, oser dire ce que l’on ressent, se construire des repères, survivre aux blessures du cœur, savoir prendre le large, devenir le héros de son existence… Ce que cette petite philosophie invente au fond, c’est une langue, celle des flots marins, dont les sons et les mots traversent notre chair et notre âme. Comme si tout venait d’elle, la mer.

Sur le même sujet