Pensées philosophiques : Additions aux pensées philosophiques

Une recension de Caroline Sidi, publié le

« Le Dieu des chrétiens est un père qui fait grand cas de ses pommes, et fort peu de ses enfants. » Cela pourrait être signé Voltaire. Ce sont les Additions aux pensées philosophiques de Denis Diderot, opuscule qui radicalise les enjeux de ses déjà très subversives Pensées philosophiques publiées sous le manteau une vingtaine d’années plus tôt (1746). Le déisme modéré qui se dégage des Pensées philosophiques, toutes à l’élaboration et à l’exaltation d’une « religion naturelle », évolue ainsi vers un athéisme militant, et la souplesse dialoguée du premier texte cède la place à une avalanche d’aphorismes antichrétiens. Sous ces variations, un même projet cependant : la « cure drastique » que Denis Diderot entend faire subir à cette religion contre-nature, aliénante. Ascétisme, dogmes, Écritures, miracles, superstition, fanatisme : toutes les dimensions du catholicisme sont passées au crible de cette « raison examinatrice » si chère aux Lumières. Diderot, qui signe ici son acte de « baptême philosophique », la pratique déjà en maître. Exemplaires par leur exigence critique, comme par le point de vue où ils s’enracinent (« l’homme est le terme unique d’où il faut partir et auquel il faut tout ramener »), ces deux fascicules de « pensées » constituent un prisme privilégié donnant à voir un siècle de querelles théologiques et philosophiques. 

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