L'Homme inutile. Du bon usage de l'économie

Une recension de Philippe Garnier, publié le

Face à une théorie économique, il faut toujours poser la question : au profit de qui fonctionne-t-elle ? Car l’objet de la science économique, ce n’est pas seulement la croissance, ce sont aussi et surtout les inégalités. Cette vérité, Pierre-Noël Giraud l’a rappelée en 1996 dans L’Inégalité du monde (Gallimard) : la globalisation diminue l’inégalité entre nations mais elle accroît l’inégalité au sein des nations. Vingt ans plus tard, la masse exploitée a été remplacée par la masse inutile, celle qui ne consomme ni ne produit plus. Cette humanité hors champ, hors économie, hors monde, alimente les masses de migrants, les bidonvilles et les guerres de la planète. Au-delà de cette analyse salutaire, Giraud défend des thèses audacieuses, parfois surprenantes. Contre les « malthusiens », il établit la décroissance inéluctable de la population mondiale, soutient que les matières premières ne sont pas en voie d’épuisement, et son pari sur l’accélération technologique peut paraître optimiste. Quoi qu’il en soit, et tel est l’objet principal de son livre, il reste à s’occuper des gigantesques « poubelles » de la planète, dans lesquelles il faut désormais inclure, hélas ! une partie de l’humanité. 

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