Les Quatre Détours de Song Jiang 

Une recension de Noël Foiry, publié le

« Tout se plie, se déplie, se replie », écrivait Gilles Deleuze. Et surtout cette bande dessinée, dont les pages ne se tournent pas mais se déploient à la manière des antiques rouleaux chinois. C’est en effet en Chine que nous emmènent les pérégrinations des personnages tout droit tirés du classique de la littérature de la dynastie Ming, Au bord de l’eau. Lors de ces voyages, le sage Song Jiang sert de guide, et plus encore de boussole philosophique, à quatre de ses compagnons venus des quatre points cardinaux du pays. Chacun est à la croisée des chemins de son existence, marqué par l’errance, le doute, la lassitude ou la violence. À la manière d’un Socrate, c’est en leur posant des questions plutôt qu’en leur livrant des réponses toutes faites que Song Jiang va leur permettre de poursuivre leurs voies. En cela, il incarne le concept taoïste de wuwei, le non-agir, qui désigne non pas l’inactivité mais le fait de laisser advenir le cours des choses. Et, à mesure que se dévoilent les pages magnifiquement illustrées et fourmillant de détails de ce livre, on s’imagine nous aussi en train de cheminer, nous imprégnant de la sagesse du Tao.

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