Le tact, un "art du détour" qui apaise les mœurs
Du toucher à la parole juste, en passant par l’art de la discrétion : dans son essai Éloge du tact, le philosophe Gilles Hanus dresse un tour d’horizon de trois types d’expériences tactiles, indexées à des espaces temporels, sociaux et relationnels.
Qu’est-ce qu’avoir du tact ? En quoi le tact, auquel on ne prête que des qualités modestes, proches de la simple délicatesse, de la mesure et du sens des convenances, permet-il de troubler l’ordre naturel des choses et des relations sociales ? Dans son essai Éloge du tact, le philosophe Gilles Hanus perçoit dans cette forme d’attention plusieurs vertus sensibles, indissociables d’une adaptation empirique à l’environnement, à l’instant présent, à la parole de l’autre. Ne serait-ce qu’à travers des gestes minuscules d’apaisement et de retenue, le tact protège et réactive.
Une expérience du geste opportun, au moment présent
Expression primaire de notre intelligence sensible, le tact désigne d’emblée le toucher, ce sens tactile que tout le monde ne partage pourtant pas de la même manière. Il y a des mains heureuses et d’autres fâchées ; il y a des mains réconfortantes et d’autres indifférentes. Dans ses Cahiers pour une morale, Jean-Paul Sartre évoque cette scène : « Je suis sur la plate-forme de l’autobus et je tends la main pour aider à monter celui qui court après l’autobus. » Le philosophe décrit ainsi la main tendue comme un acte au moyen duquel l’homme qui se trouve dans l’autobus contribue à la réalisation de la fin de celui qui court derrière. Cette main tendue est comme « un don fait au retardataire », observe Gilles Hanus. La main ne se contente pas de saisir, « elle produit un changement de ce avec quoi elle entre en contact ; elle ne façonne pas seulement comme celle de l’artisan, du démiurge, elle oriente ; elle n’exerce pas seulement son pouvoir, sa prise, elle transmet une puissance ». Si la main réconforte, si elle remet en mouvement, elle peut aussi agacer, comme lorsqu’un inconnu vous touche sans ménagement dans la rue. Le toucher est donc à double tranchant, il dérange autant qu’il protège, il violente autant qu’il excite.
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