Alexis Lavis: “Pour le taoïsme, l’enfance est un but à atteindre”
Les sagesses asiatiques ne sont pas toujours tendres pour l’âge tendre, relève le spécialiste Alexis Lavis. Exception notable, Laozi et ses disciples, qui en appellent à revenir à une forme d’innocence première, loin de la vision occidentale.
Comment la pensée chinoise traite-t-elle de l’enfance ? Est-elle en rupture avec la vision occidentale, qui la réduit souvent à une simple période de formation de l’âge adulte ?
Alexis Lavis : Pas toujours ! Du côté du confucianisme, l’enfance est dévalorisée : c’est un état à quitter. L’homme noble est mature, formé intellectuellement ; quant au sage, il a atteint le grand âge, il est même un peu sénile… L’enfant, lui, est un être lacunaire, marqué par ses incapacités – d’ailleurs, l’un des mots pour dire « enfant » en chinois est tóngnián, qui signifie littéralement « celui qui passe ses premières années à l’intérieur » : il ne sort pas du domicile, car il ne peut pas encore marcher. Du côté du bouddhisme, maintenant, c’est l’adolescence qui est privilégiée. La Bodhisattva, la déité représentant la sagesse, est un beau jeune homme de 16 ans, qui tient dans sa main un livre et une épée enflammée. L’adolescence est associée à un pic d’intensité, notamment sexuelle, tandis que l’enfance est plutôt du côté de la fermeture sur soi. Pour trouver une conception plus positive de l’enfance, il faut se tourner vers le troisième grand courant de la pensée chinoise, le taoïsme. Là, dans un cheminement inverse, l’enfance n’est pas ce qu’on doit laisser derrière soi : elle est une visée, un but à atteindre.
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