Les Mortels et les Mourants
Une recension de Catherine Portevin, publié leDéfinie par le Code de la santé publique, la « fin de vie » désigne cette période que traverse une personne en phase avancée ou terminale d’une affection incurable. La durée n’est pas précisée. La fin de la fin de vie non plus, bien que ce soit probablement la mort. Si la fin de vie devient « une période de la vie à part entière »… mais « consacrée à sa propre fin », qu’est-ce que cela change à notre rapport à la mort ? Sur ce sujet, l’humoriste Yves Cusset assume en lui le philosophe certifié par l’académie qui trouve urgent de « philosopher encore un peu sur la mort », « la mort propre, à la petite semaine, individuelle, inéluctable, sans remède, tragique et désespérément triomphante ».
Son essai est sans doute ce qu’on a lu de plus profond sur la fin de vie. Tout en étant plein de gratitude pour les soignants, il sort les soins palliatifs de la seule éthique de la sollicitude dans laquelle ils sont souvent enfermés. C’est la force première du livre. La seconde est de se pencher en philosophe sur les mourants plutôt que sur les mortels. Car s’il y a une expérience spécifique dans la fin de vie, dont les récits qu’ont laissés les malades condamnés témoignent (Hervé Guibert, Ruwen Ogien, Anne Bert, Fritz Zorn…), ce n’est pas une pensée de la finitude, de « l’être-pour-la-mort » de Heidegger ou, au contraire, de « la mort n’est rien » d’Épicure. C’est, très concrètement, la confrontation impossible avec sa propre fin. « Qu’est-ce donc que la peur de la mort ? » se demande Cusset. Face à sa mort imminente, « on a peur, c’est tout », et « cette peur-là, c’est la mort ».
C’est aussi contre la tendance normative de « la mort apaisée » qu’écrit le philosophe. Il la trouve dans certaines théories psychologisantes de l’acceptation de la mort, dans « la virilité du savoir mourir » affirmée par le récit de la mort de Socrate dans le Phédon de Platon. « Prenons soin de laisser chacun à sa mort, conclut Yves Cusset. Je me suis contenté d’ajouter au droit à une mort apaisée celui de finir sa vie en état de guerre totale. »
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