Les derniers jours de René Girard

Une recension de Catherine Portevin, publié le

Le 4 novembre 2015, René Girard, le philosophe et anthropologue, auteur fameux de La Violence et le Sacré, s’éteignait dans sa maison de Stanford, aux États-Unis. Quelques jours plus tard, des kamikazes mettaient Paris à feu et à sang au nom d’Allah. Du choc de ces deux événements, Benoît Chantre a tiré cette belle méditation religieuse, foisonnante de références (un poil cryptées parfois), en forme d’inquiétude pour le monde et d’hommage à celui qui fut son maître et ami. Il est rare qu’un intellectuel s’assume à ce point comme disciple (même s’il réfuterait le terme), et Chantre, le bien nommé, le fait avec fièvre et panache, ayant vu toute sa vie orientée par la rencontre avec cette œuvre et travaillant sans relâche sa fécondité (c’est à Benoît Chantre que l’on doit l’édition et la diffusion de l’œuvre de Girard en France). Et s’il est un devoir essentiel pour l’apôtre, c’est, face à la simple mort humaine de l’ami, de dresser le tombeau du maître. Ultime séparation autant qu’espérance ouverte, laissant le dernier mot à René Girard : « À une certaine profondeur, le secret de l’Autre ne diffère pas de notre propre secret. »

Sur le même sujet






Le fil
1 min
Octave Larmagnac-Matheron

Toute cette semaine, notre « livre du jour » est consacré à un ouvrage de référence sur la guerre. Nous commençons cette première mouture avec l…

Clausewitz par-delà Clausewitz : quand Girard relit “De la guerre”