L'égoïsme. Faut-il vraiment penser aux autres

Une recension de Antoine Rogé, publié le

À en croire la rumeur, l’égoïsme serait le mal du siècle, un vice universel dissolvant liens sociaux et valeurs. La pensée néolibérale, de son côté, y voit l’énergie motrice de toute activité, dont notre économie dépendrait pour son salut. Qui croire ? Au « moralisme » des uns et au « simplisme » des autres, Dominique Lecourt, célèbre philosophe des sciences, préfère ici l’art philosophique des nuances, dessinant une position originale à travers une relecture des grands auteurs. En particulier d’Adam Smith, qui pour avoir imaginé l’existence d’une « main invisible » harmonisant les rivalités entre les ego, insista aussi sur le caractère fondamentalement empathique de la nature humaine. Cette ouverture de notre subjectivité aux souffrances d’autrui signifie qu’on aurait tort de voir dans l’altruisme un grand autre de l’égoïsme. Pour Lecourt, cette erreur anthropologique, relevant d’une méfiance envers les individus, ne peut que conduire économistes et politiques dans l’impasse – la même, au fond, où s’engouffrèrent jadis les socialistes de l’Est qui firent de l’État une « hydre géante » en vue d’étouffer l’égoïsme petit-bourgeois. 

Sur le même sujet

Article
2 min
Dominique Lecourt

« Élève des jésuites, j’ai bien cru être croyant après m’être confessé pour la première fois. Exalté, j’en avisai aussitôt ma mère qui n’y accorda aucune attention et passa à autre chose. Moi aussi, mais j’ai pris garde de ne rien oublier.La…



Article
2 min
Nicolas Gastineau

Un vilain défaut ? Les philosophes n’en sont pas si sûrs. 


Article
3 min

Illusion d’optique, il met sur le même plan le moi et le reste du monde. Mais sous couvert de prudence, il laisse toute latitude à la peur.


Article
9 min
Jeanne Burgart Goutal

Le droit à la filiation pour les homosexuels fait débat. Mais pourquoi vouloir des enfants?