Le Travail des morts. Une histoire culturelle des dépouilles mortelles
Une recension de Victorine de Oliveira, publié leNous pensons vivre dans un monde désenchanté, débarrassé des croyances magiques. À voir la façon dont nous traitons nos morts, rien n’est moins sûr : aussi matérialistes soyons-nous, nous ne pouvons nous empêcher d’accorder à leurs dépouilles un soin particulier. Au IVe siècle avant J.-C., Diogène le cynique proposait qu’on les jette aux bêtes sauvages : quelle importance, puisque la vie a déserté ce qui n’est plus que de la matière ? Force est de constater que cet abandon, pour les vivants humains, est difficile. Le corps des morts travaille, nous travaille, au sens physique où il pèse sur nous. Ce travail est l’objet de la monumentale et passionnante enquête de l’historien américain Thomas Laqueur : « L’histoire du travail des morts est celle de la façon dont ils nous habitent individuellement et collectivement ; de la manière dont nous nous les imaginons et dont ils donnent du sens à nos vies et structurent l’espace public, la politique et le temps. » Qu’il soit enterré dans un cimetière de paroisse au sein de sa communauté, dans un « cimetière-jardin » comme le Père-Lachaise où les caveaux rivalisent de splendeur architecturale, ou incinéré sur un bûcher, le corps mort reste enchanté… même dans les crématoriums modernes censés représenter « l’ultime triomphe de la raison », puisque capables de réduire efficacement le corps en « un petit tas de cendre » afin de « répondre aux intérêts écologiques et hygiénistes de la société ». Les cendres gardent leur valeur symbolique, sont conservées dans des urnes ou dispersées dans des lieux chargés de sens. Il ne vient à l’idée de personne de s’en servir comme engrais. À en croire Thomas Laqueur, les morts n’ont pas fini d’exercer sur nous un pouvoir dont la raison raisonnante a bien du mal à rendre compte.
Trad. de l’anglais H. Borraz
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