Le Suicide de l’espèce 

Une recension de Charles Perragin, publié le

L’avènement des démocraties modernes coïncide avec l’invention du biopouvoir. Dès la fin du XVIIIe siècle, la politique ne fait plus que « prélever et punir », elle investit les corps avec les progrès de la médecine et l’hygiène urbaine. Les élites politiques comprennent alors que l’expansion économique dépend de la croissance démographique. Deux siècles plus tard, la logique s’est inversée, affirme le docteur en épidémiologie Jean-David Zeitoun. Les grandes industries, dévoreuses de carburants fossiles et guidées par l’appât du gain à court terme, se maintiennent désormais aux dépens de la vie humaine. Des aliments ultra-transformés à la pollution chimique, l’auteur démontre, chiffres à l’appui, que notre économie est devenue « pathogène », caractérisée par « une régulation lâche, un marché défaillant, où ce qui est toxique est moins cher, un marketing trompeur niant les risques et reportant la faute sur les individus ». Résultat : davantage de cancers, de maladies cardiovasculaires, d’hypertension artérielle, d’obésité. Pour la première fois depuis la Seconde Guerre mondiale, l’espérance de vie dans des pays riches, comme le Royaume-Uni ou les États-Unis, recule. En France, la mortalité avant 1 an augmente depuis 2012. Et cela par notre faute : 85 % des risques de complication ont pour origine l’activité humaine. Pour Zeitoun, nous sommes en train de nous suicider. Il en appelle alors à une « transition épidémiologique » qui double la transition environnementale en s’y confondant : nous devons remettre la vie au cœur de la politique, à commencer par la nôtre.

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