Le cinéma de Fernand Deligny

Une recension de Nicolas Truong, publié le

Qui se souvient de Fernand Deligny (1913-1996) ? C’est cet éducateur réfractaire que François Truffaut a sollicité pour terminer Les Quatre Cents Coups. C’est à partir des tracés de cet accompagnateur d’enfants autistes que Gilles Deleuze et Félix Guattari ont forgé le concept de « rhizome ». C’est encore à ce pédagogue inclassable que Françoise Dolto a confié des enfants jugés irrécupérables. Instituteur libertaire, éducateur célébré de l’après-guerre, animateur d’un réseau d’enfants psychotiques dans les Cévennes, Fernand Deligny a dessiné une œuvre majeure que ce livre et ce coffret DVD permettent enfin d’aborder. On ne doit pas seulement à Deligny la longue course d’Antoine Doinel vers la mer… On lui doit notamment Le Moindre Geste (1971), dérive rimbaldienne de deux enfants fous, échappés d’un centre de rétention dans les collines cévenoles. C’est comme si L’Histoire de la folie de Michel Foucault était jouée par Buster Keaton sur un scénario écrit par Antonin Artaud. Des aphorismes de Graine de crapules (1945), plaidoyer pour une autre vision de l’enfance délinquante, aux divers romans et fragments de Deligny, l’édition de ses Œuvres donne accès aux dessins, aux nouvelles, aux essais d’un éthologue qui, refusant de réduire l’humain au langage, s’évertue à rendre la parole à l’image.

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