La silhouette de l'humain. Quelle place pour le naturalisme dans le monde d'aujourd'hui ?
Une recension de Mathilde Lequin, publié le1. La rébellion naturaliste
Le « naturalisme » est un gigantesque bazar, dont on trouve moult définitions au rayon philosophie. L’auteur dégage pourtant deux caractéristiques fondamentales du naturalisme scientifique d’aujourd’hui. Être naturaliste, c’est affirmer que « la nature embrasse tout ce qui existe ». Mais c’est aussi considérer que « les sciences de la nature sont la source unique de connaissance véritable ». Le naturaliste ne serait-il donc qu’un scientiste, taxant tout adversaire d’obscurantisme ? Loin de là, explique Daniel Andler : le naturalisme est d’abord une rébellion. Contre les conceptions sublimes de l’exception humaine, le naturaliste défend une « conception modeste de l’humanité » comme faisant intégralement partie de la nature.
2. Naturaliser l’humain
Après la matière inerte du monde physique, après le monde vivant dans son évolution, c’est au tour de l’humain d’être naturalisé. Parmi les sciences cognitives, les neurosciences s’emploient depuis une trentaine d’années à naturaliser l’esprit humain. La mémoire, le raisonnement ou encore la compréhension du comportement d’autrui (à travers les neurones miroirs) : toutes ces fonctions cognitives, jusqu’alors étudiées par la philosophie, sont aujourd’hui rapportées aux mécanismes biologiques qui les réalisent. La psychologie évolutionnaire nous explique aussi que le cerveau humain, comme tout autre organe, résulte d’un processus adaptatif. C’est ainsi l’humanité, dans sa dimension individuelle et sociale, qui est en passe d’être naturalisée.
3. Un naturalisme critique
Ces programmes de recherche naturalistes apportent « une abondante moisson de faits, de concepts et de méthodes ». Le philosophe aurait tort de s’en priver. Mais comment en faire bon usage ? Par un naturalisme critique, répond Daniel Andler. Il s’agit de « ne pas prendre les propositions et résultats de la science pour argent comptant » : la vigilance est de mise concernant les conditions de production des savoirs scientifiques. Il faut donc renoncer à l’idéal d’une perfection de la science pour affirmer son « incomplétude radicale ». Défenseur d’un authentique pluralisme scientifique, l’auteur décrit une science vivante, mouvante, dans laquelle « on améliore les modèles, on grignote les mystères ». Voici le programme d’un naturalisme à la fois ambitieux et modeste, parce que résolument critique.
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