La Métaphysique et après

Une recension de Maxime Rovere, publié le

Quelle est la question ? Voilà l’étrange problème que soulève Jean-Luc Marion dans un effort pour circonscrire ce sur quoi travaillent vraiment les philosophes. Cette question vertigineuse – car indéfiniment réflexive – est l’occasion de définir des éléments de méthode et des ambitions spécifiques. Pour cela, Marion commence par poser les termes fondamentaux de la métaphysique : l’objet (ce que nous connaissons des choses), la chose (ce qui existe réellement), l’étant (la partie de l’être qui se donne comme une chose) et l’être (principe invariable des étants). Face à ce feuilletage de la réalité, que fait la philosophie ? D’abord, elle produit des textes « incompréhensibles », tout simplement parce qu’elle ne se propose pas de comprendre des objets mais impose aux lecteurs une épreuve pour en dégager le sens. Ensuite, elle « démontre », ce qui suppose qu’elle établisse des questions pertinentes pour les choses. Par là, elle s’instaure en une tradition qui tend à se dépasser elle-même dans une métaphysique, c’est-à-dire comme un savoir qui parvient finalement à taquiner les rapports entre l’être et l’étant. On peut accepter ou pas que Marion suggère d’effacer la frontière entre théologie et philosophie, son travail n’en témoigne pas moins d’un sérieux exemplaire, structuré par une longue expérience des concepts, capable d’inspirer – si l’on survit à son aridité – de stimulantes pensées.

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