La loi naturelle et les droits de l'homme
Une recension de Michel Eltchaninoff, publié leCe livre est comme un revolver caché dans un bouquet de fleurs. À première vue, Pierre Manent entend modestement réhabiliter l’antique notion de loi naturelle, source de valeurs morales non créées par l’homme et très utilisée aujourd’hui dans la théologie catholique. Mais le philosophe s’attaque en réalité aux fondements de la vie politique moderne, à ce qu’il appelle la pensée des droits de l’homme. Depuis le XVIe siècle, raconte-t-il, c’est l’homme qui est à l’origine de la loi. Il ne veut rien recevoir d’une source supérieure. La définition de l’homme qui en découle est pauvre : l’individu n’est plus rien de naturel, mais seulement « l’être qui a des droits ». Du coup, ceux-ci sont illimités mais totalement indéterminés : « N’importe quel aspect du monde humain, du plus manifeste jusqu’au plus secret, est désormais exposé à une prise légitime. » La vie politique se réduit à la chasse aux droits. Pierre Manent déplore ce « jeu de Meccano » qu’est devenu le monde humain et critique la revendication d’une « égalité indifférente aux différences », qui remplace le jugement moral et pratique. Mariage homosexuel, euthanasie, revenu minimum… ces projets ne sont pas mus, selon le philosophe, par des motifs éthiques et politiques, mais par la logique folle des droits de l’homme en une progression infinie et aveugle. Si nous sommes incapables de former de grands desseins, pour nos pays ou pour l’Europe, si nous sommes à la fois lâchement relativistes avec les cultures étrangères et zélateurs obsessionnels des droits chez nous, si nous refusons tout commandement et toute obéissance au nom d’une introuvable autonomie, si « la grammaire de la vie humaine s’est réduite pour nous au pâtir et au jouir », c’est que « laissez-faire, laissez-passer [sont devenus] la formule simple, mais prodigieusement séduisante de la liberté moderne ». Pour sortir de cette désorientation, il faudrait donc réhabiliter la loi naturelle, sous la forme de valeurs inscrites dans la nature.
La démonstration paraît convaincante mais est en réalité unilatérale. Pierre Manent concentre sa critique de la modernité sur la philosophie de Hobbes – qui, au XVIIe siècle, pense l’individu comme une pure puissance de vie ne faisant que courir après le pouvoir sans se poser aucune question éthique. Or Descartes (qui sera suivi notamment par Rousseau ou Kant) développe au même moment une tout autre idée de l’homme, fondée sur le libre arbitre. En caricaturant la modernité sous les traits de l’individualisme vide, Pierre Manent, à force de tirer à bout portant, manque finalement sa cible.
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