La Grâce et le Progrès

Une recension de Catherine Portevin, publié le

« Cet essai expose un refus des absolutismes : celui même de l’égalité, du peuple et de l’universalisme qui ont fondé la Révolution française », affirme la philosophe Élisabeth de Fontenay. Elle mène cette réflexion critique à partir de la mémoire refoulée des massacres perpétrés sous la Convention (1793-1796) contre les Vendéens, qu’elle refuse de ne laisser qu’à l’extrême droite. Cette terrible contradiction fracture dès son commencement la République et la rend réfractaire à la multiplicité des singularités. Élisabeth de Fontenay s’appuie sur les récits des guerres de Vendée des deux grandes figures républicaines du XIXe siècle : l’historien Jules Michelet et Victor Hugo dans son roman Quatrevingt-treize. Elle cherche à comprendre pourquoi elle ne trouve dans le « roman national » de Michelet, qui voyait pourtant dans la Terreur une « plongée dans les eaux froides de la mort », aucune pitié pour cette « France égarée de l’Ouest ». Tandis que Hugo met en scène avec « tendresse » le déchirement de ses personnages entre leurs origines et leurs convictions. La probité de la philosophe frappe. Elle implique dans sa pensée sa fidélité à son père (grand résistant, elle-même ayant par ailleurs été élevée dans les collèges catholiques de l’Ouest) et à son attachement à la République française. Au cœur de ses interrogations – quand l’universalisme se confond-il avec l’intolérance ? de quelle histoire sommes-nous les héritiers ? – se trouve une inquiétude. L’idéal républicain ne pouvant plus être porté par le souffle du progrès qui inspirait Hugo et Michelet, qu’en reste-t-il si la République ne sait reconnaître, depuis ses débuts, ni deuil ni dette à l’égard de ses minorités ?

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