Et si je suis désespéré, que voulez-vous que j’y fasse ?
Une recension de Antoine Rogé, publié leAlors que l’actualité de la guerre en Ukraine ravive le spectre de l’apocalypse nucléaire, négligée depuis la guerre froide, la pensée de Günther Anders, qui fut dès 1945 un infatigable Cassandre de l’ère atomique, se présente à nous comme une ressource en vue d’approcher le caractère monstrueux de cette menace et le renouvellement éthique qu’elle impose. Ex-époux de Hannah Arendt, dont il partageait la judéité et avec laquelle il émigra d’Allemagne en 1933, Anders s’explique sur sa trajectoire dans ces entretiens (réédités après une première publication en 2001). Il se dépeint comme écrivain engagé dans un siècle tragique plutôt que comme philosophe universitaire, contrairement à ce que pouvait laisser présager son compagnonnage de jeunesse avec Husserl. Avec une espièglerie assez inattendue, le penseur écorche au passage la vanité de Heidegger et de ses disciples, et se livre à quelques réflexions sur la fonction des intellectuels par gros temps. Anders revient aussi sur son idée maîtresse de l’« irreprésentabilité » des catastrophes dont la technique moderne nous a rendus capables. Selon lui, notre faiblesse éthique spécifique ne tient pas à ce que nous serions devenus plus mauvais que nos ancêtres mais à notre incapacité à « imaginer » le mal que produisent nos inventions. Cet éclairage permet de comprendre la forme très littéraire de l’écriture d’Anders, tout entière tendue vers la nécessité de « se rendre compte ». L’occasion d’opérer des rapprochements avec les réflexions de Hannah Arendt sur la banalité du mal, pour qui c’est aussi l’absence de pensée, plutôt que l’intention maligne, qui ouvre la voie à l’anéantissement de l’homme par l’homme.
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