Et Nietzsche a pleuré
Une recension de Christophe Jacquet, publié le« Vous souhaitez que je rencontre un certain professeur Nietzsche [...] afin que je le persuade que la vie, ou du moins, sa vie vaut d’être vécue. Qui plus est, je devrais faire tout cela à son insu. » Le défi ouvre le deuxième roman du psychiatre californien Irvin Yalom, connu pour son best-seller Apprendre à mourir. La méthode Schopenhauer. Ici, c’est « l’avenir de la philosophie allemande [qui] est en jeu »… Un jour d’automne de 1882, Lou Salomé persuade le physiologiste viennois Josef Breuer, mentor du jeune Freud, de soigner le désespoir de son ami Nietzsche. Avec brio, Yalom orchestre la rencontre fictive entre l’un des précurseurs de la psychanalyse et l’architecte de la volonté de puissance. Partie d’échecs, leur dialogue imaginaire nourrit une intrigue où philosophie et médecine s’épousent et s’opposent à la fois. À plusieurs reprises, Breuer avance ses pions et pousse Nietzsche à révéler ses doutes les plus intimes, ses pulsions suicidaires. Si l’homme est au plus mal, terrassé par ses migraines et sa vue chancelante, le penseur, lui, est en alerte. Il contre Breuer avec des maximes définitives – « Il est plus facile d’obéir à autrui que de se commander soi-même. » Ses « constructions abstraites et poétiques » bouleversent peu à peu son interlocuteur. Au point que la relation s’inverse : Nietzsche devient le médecin de l’âme tourmentée de Breuer.
Irvin Yalom dit écrire des « romans pédagogiques ». Ce livre, publié en 1991 aux États-Unis, confirme un don pour le divertissement intelligent, la réinvention crédible de l’histoire. L’auteur parvient à restituer la parole de Nietzsche, sa petite musique intérieure. Il illustre son appétit pour la psychologie, tout comme l’influence de la philosophie sur la psychiatrie naissante. Et il invente une scène crédible où l’auteur de Zarathoustra expérimente le concept de l’éternel retour. On peut alors regretter qu’un dernier rebondissement freudien vienne soustraire le bon docteur Breuer à l’examen inconfortable prescrit par Nietzsche, ce « professeur des vérités amères ». Et donc que Yalom ne mène pas cette expérience de « philosophie appliquée » tout à fait à son terme.
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