Éloge de l'immobilité

Une recension de Martin Duru, publié le

Prêts ? Parés ? Eh bien non, ne partez pas – à l’inverse, ne bougez plus ! À l’ère de l’accélération de tout, l’impératif catégorique est d’être mobile, flexible, toujours en marche. Prenant la tangente, Jérôme Lèbre, spécialiste de Jacques Derrida, livre un incisif Éloge de l’immobilité. Le terme ne doit pas être compris de manière négative, comme une simple privation de mouvement ; l’immobilité correspond à la « décision » d’occuper un lieu, de « tenir » une position. Allant presto, le livre enchaîne des chapitres ramassés qui évoquent aussi bien la discipline du corps dans la méditation orientale, la critique marxienne du productivisme effréné, les plans fixes chez le réalisateur japonais Ozu… Attention, Lèbre ne fait pas l’apologie du slow ; il ne prône pas non plus le retour à une vie purement contemplative. L’immobilité est un vecteur d’action, signalant une « capacité de résistance et de libération ». S’arrêter, rester à un endroit, c’est parfois refuser le monde tel qu’il va – le propos est clairement inspiré par le récent « mouvement des places » (Tahrir, Taksim…). Au final, ce manifeste est porté par une dialectique à la dimension éthique et politique : pour rouvrir l’espace des possibles, pour bouger les choses, il faut savoir se fixer – être statique, le ressort d’un nouveau dynamisme…

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