Dictionnaire sans fin. Le mensonge

Une recension de Catherine Portevin, publié le

Se glissant dans les zones grises de l’expérience humaine – intime, morale, politique, sociale, littéraire… –, le mensonge se prête sans doute davantage au catalogue qu’à la thèse. Les éditions de L’Herne ont eu la bonne idée, à l’ère du deep fake et de l’infox, de réunir cette anthologie de textes sur le plus ambivalent des vices dans un bien nommé « dictionnaire sans fin ». Antiques ou contemporains (de Platon à François Jullien), philosophes, écrivains et poètes par ordre alphabétique (de Hans Christian Andersen à Stefan Zweig) brocardent, condamnent, plus rarement défendent, les relations problématiques de l’humanité avec le réel et la fiction. Face à Nietzsche montrant l’illusion de la vérité, d’autres la voient comme une virginité perdue : les fous ne mentent pas, affirme Simone Weil ; le premier mensonge de l’enfant, renchérit Jankélévitch est « la première ride sur le front lisse de l’innocence ». À la lettre A, méditer l’avertissement d’Hannah Arendt : « Quand tout le monde vous ment, le résultat n’est pas que vous croyez ces mensonges mais que personne ne croit plus rien […]. Avec un tel peuple, vous pouvez faire tout ce que vous voulez. »

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