C'est chose tendre que la vie. Entretiens avec François L'Yvonnet

Une recension de Catherine Portevin, publié le

« Je philosophe à l’ancienne », avoue joliment André Comte-Sponville. C’est ce qu’il aimait à répondre, à l’époque de ses premiers grands succès éditoriaux (avec son Petit Traité des grandes vertus, paru en 1995), aux journalistes qui voulaient le voir en nouveau « Nouveau Philosophe ». Cette valse des étiquettes, qui accompagne, hélas ! l’exposition médiatique, demeure pour lui un agacement, et peut-être même un problème. Voilà pourquoi, sans doute, il n’a de cesse de s’expliquer, de définir et de redéfinir sa philosophie, comme par crainte d’un malentendu perpétuel. Comte-Sponville, passionné de vulgarisation de la philosophie ? C’est qu’on ne le lit pas vraiment. Philosophe du bonheur ? C’est bien mal comprendre son ancrage autant philosophique que personnel dans le tragique. On croit connaître Comte-Sponville comme si on l’avait eu à dîner tous les dimanches. Ce livre d’entretiens nous convainc du contraire. Avec la réserve qui reste la sienne, il livre même à son confrère et ami François L’Yvonnet, en plus de cette longue conversation philosophique, le récit sans pathos mais sans fards d’une « faiblesse à vivre ». S’entend, malgré son sens de l’amitié et son communisme de jeunesse, la voix d’une solitude inquiète.

 

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