Céder n’est pas consentir

Une recension de Cédric Enjalbert, publié le

« Il n’y a pas de consentement éclairé », selon Clotilde Leguil. Dans cet essai commencé avec le livre de Vanessa Springora (sur Gabriel Matzneff) et fini avec celui de Camille Kouchner (sur l’inceste commis par son beau-père), elle répond implicitement à deux questions polémiques : ces femmes n’étaient-elles pas un peu consentantes à l’abus ? Sinon, pourquoi avoir tant attendu pour écrire ? D’abord, l’autrice avance en philosophe et psychanalyste pour montrer qu’il y a « une proximité dangereuse entre le “consentir” et le “céder” » et qu’elle se cristallise autour du « laisser faire » qui peut se renverser en « forçage ». Les relations intimes le démontreraient : « Il se pourrait même que le consentement dans le champ amoureux dise la vérité de tout consentement. » Car à quoi consent-on ? Nul ne le sait. Le consentement n’est pas contractuel. Le pacte social lui-même, comme consentement politique, « ne repose plus sur la raison mais sur le désir ». Ensuite, comment comprendre le dialogue libérateur entre le je et le nous, celui qui permet à une voix subjective de briser un long silence à partir d’une parole collective, et inversement ? Clotilde Leguil invoque la littérature qui, parfois, parvient à faire « le récit de ce que Freud a appelé l’inassimilable », du traumatisme, en faisant « advenir une autre langue », libératrice.

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