« Voisins vigilants », le mitoyen engagé
Sur ces panneaux à l’entrée de villes et villages de France, un œil fixe l’étranger, l’inconnu. Une surveillance « conviviale » qui cultive l’entre-soi et veille au maintien de l’ordre en place.
C’est un œil écarquillé qu’on accroche, à bonne hauteur, au poteau d’où, en retour, il nous fixe. C’est un œil sans paupières (qui ne se ferme jamais) ni cernes (c’est lui qui nous cerne), serti dans un rectangle aux couleurs de guêpe, et dont les cils en érection, semblables aux grilles d’un jardin municipal, font signe, au-dessus, vers l’inquiétant syntagme en lettres capitales : « VOISINS VIGILANTS ». Au-dessous est gravée, noir sur jaune, la profession de foi : « Si je n’alerte pas la police, mon voisin le fera ! » Nous voilà prévenus.
« Ce n’est pas un outil de délation, nous ne sommes pas une milice, nous sommes en lien avec les forces de l’ordre, nous veillons mais nous ne surveillons pas… » déclarent, main sur le cœur, les « voisins vigilants ». Mais pourquoi est-il si nécessaire de le préciser ? Pourquoi ce système de défense doit-il constamment se défendre lui-même d’être agressif ? Parce qu’il l’est. Parce qu’à dire vrai, l’œil cyclopéen du voisin vigilant (comme l’œil plissé du voisin suspicieux) n’a rien à envier à l’œil de Vichy, de Moscou ou bien d’Oceania (dans 1984) dont il figure non le prélude, mais la version démocratiquement acceptable, qui donne à la délation un alibi solidaritaire et maquille l’indiscrétion en « vigilance conviviale ».
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