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Le livre du jour

“Survivre à Noël”, de Stéphane Floccari

Frédéric Manzini publié le 14 décembre 2020 3 min

L’information ne vous aura pas échappé : Noël approche. Il ne reste plus que dix cases à ouvrir dans votre calendrier de l’avent. Oui, mais voilà : tout le monde n’est pas également sensible à la supposée « magie » de Noël, plus ambivalente qu’il y paraît. À côté de ceux dont les yeux scintillent comme des guirlandes dorées dans les vitrines des magasins, il y a aussi tous ceux qui, comme des sapins de Nordmann ou des chapons de 81 jours, redoutent cette période de l’année. Les uns comme les autres gagneront à lire l’édition de poche du livre de Stéphane Floccari, Survivre à Noël (Pocket, 2020, paru originellement en 2018 chez Les Belles Lettres). Qu’on ne s’y méprenne pas : il ne s’agit pas d’un « guide de survie » ou d’un « Noël pour les nuls » distribuant des conseils sur un ton qui se veut amusant, mais d’une étude quasi anthropologique sur le sens que revêt Noël dans notre culture, ou plutôt sur tous les espoirs et les multiples attentes dont il est investi. L’auteur, professeur de philosophie en banlieue parisienne, s’interroge : « Au-delà du folklore familial, de la comédie infantile, de l’alibi religieux et du motif commercial, de quoi Noël est-il le nom ? »

 

  • Une nuit comme métaphore des jours sombres. Bercés par de jolies mélodies, on en oublierait presque que Noël n’est pas qu’une fête, voire la fête enchanteresse par excellence, celle qui fait l’objet d’une réjouissance quasi universelle. Il est aussi l’occasion de crises existentielles plus ou moins graves : conflits, dépressions, isolements et autres formes d’angoisse augmentent significativement pendant cette période, qui agit comme un révélateur de ce que nous sommes. Il y a, comme l’analyse Stéphane Floccari, non seulement une gêne propre à Noël, mais également un mal sourd, tapis « sous le prodigieux dispositif social, culturel et historique qui lui a donné son nom » et qu’on doit oser regarder en face.
  • Noël, protéiformes multiples. Racontant des rites nordiques, rappelant des contes russes, analysant des films américains, Stéphane Floccari retrace l’histoire d’un Noël progressivement devenu un étonnant condensé des traditions culturelles les plus variées. Des célébrations antiques du solstice d’hiver (pour fêter la victoire retrouvée du jour sur la nuit) à notre société d’hyper-consommation, en passant bien sûr par la nativité des chrétiens, Noël est la synthèse de toutes les réjouissances, qu’elles soient païennes et religieuses, commerciales et familiales. Familiales surtout, puisque Noël est « une fête de famille et, plus encore, une fête de la famille », autour d’un banquet qui réunit les « boucles blondes » et les « cheveux gris », et qui offre également un prétexte aux « immersions, parfois heureuses, souvent éprouvantes, dans [des] belles-familles » dont on apprend les codes à cette occasion.
  • L’attente. Fédérateur, donc, Noël ? Ce n’est pas si simple. Car la fête espérée est tellement saturée d’enjeux qu’elle en devient oppressante. C’est ainsi que celui qui ne prévoirait rien pour Noël, qui ne voudrait rien entreprendre et ne rien consommer deviendrait suspect aux yeux de tous les autres qui ne veulent surtout pas briser l’harmonie de circonstance. Noël repose en effet essentiellement sur une attente, si confuse soit-elle : un cadeau, de la reconnaissance, une marque d’amour, de la joie partagée, on ne sait pas exactement ce que l’on doit en attendre, mais on l’attend, fébrilement, impatiemment.
  • La déception. Le risque est donc que Noël se révèle décevant – ce qu’il est toujours, d’abord et surtout pour ceux qui s’en étaient fait une si grande joie, à savoir les enfants. Floccari décrit le « cérémonial tragi-comique » de bambins qui passent rapidement des cris d’allégresse à l’abattement au moment du grand déballage des cadeaux, tandis que les parents balancent entre incompréhension et indignation devant tant d’ingratitude. C’est pourtant la loi du désir, alors que la présence de l’objet désiré vient tristement limiter à n’être que ce jouet-ci ou cette babiole-là. Noël est ainsi l’expression d’une joie qui n’est jamais si forte que lorsqu’elle reste imaginée et indéterminée. Et Floccari de citer la Nouvelle Héloïse de Rousseau : « Malheur à qui n’a plus rien à désirer ! il perd pour ainsi dire tout ce qu’il possède. On jouit moins de ce qu’on obtient que de ce qu’on espère, et l’on n’est heureux qu’avant d’être heureux ». Joyeux Noël donc, expression de notre difficulté de vivre et catalyseur de la complexité qu’il y a à être heureux !

 

Paru en 2018 aux Éditions Les Belles Lettres, Survivre à Noël, de Stéphane Floccari, vient d’être réédité en poche. Disponible ici.

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