Aller au contenu principal
Menu du compte de l'utilisateur
    S’abonner Boutique Newsletters Se connecter
Navigation principale
  • Le fil
  • Archives
  • En kiosque
  • Dossiers
  • Philosophes
  • Lexique
  • Citations
  • EXPRESSO
  • Agenda
  • Masterclass
  • Bac philo
 Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
rechercher
Rechercher

Édouard Baer, l’un des comédiens incarnant Salvador Dalí dans “Daaaaaalí !”, de Quentin Dupieux. © Atelier de production – France 3 Cinéma 2023

Cinéma

Salvador Dalí par Quentin Dupieux : le message, c’est le médium !

Cédric Enjalbert publié le 02 février 2024 3 min

Avec une distribution prestigieuse, une inventivité continue, du rythme et beaucoup d’humour, le réalisateur Quentin Dupieux donne corps à Salvador Dalí et à son extraordinaire talent de communicant ayant tout compris à l’esprit du temps.


 

  • « J’ai opéré la mutation sublime du mal en bien, de la folie en ordre, et j’ai même réussi à faire admettre et partager ma folie par mes contemporains. Dalí s’est projeté dans le monde et il est devenu vraiment Dalí. » C’est de Dalí lui-même, bien sûr, parlant de lui à la troisième personne dans Comment on devient Dalí (Robert Laffont, 1973). Le réalisateur Quentin Dupieux ranime ce personnage conceptuel truculent dans son nouveau film : Daaaaaalí ! Presque autant de A dans ce titre qu’il y a d’interprètes pour le personnage principal. C’est la première trouvaille de cette comédie allègre, portée par une distribution détonante : Dalí serait trop complexe, selon le cinéaste (et Dalí lui-même ?), pour n’être incarné que par un seul acteur ! Ils sont donc cinq à mettre en ordre cette folie et à faire advenir Dalí à l’écran.
  • Car ce film n’est pas un biopic. Dupieux ne cherche ni l’exactitude biographique ni l’exploration psychologique : il invente une histoire avec la figure dalinienne. Elle débute simplement et se poursuit dans le plus beau des imbroglios. Car si Judith (Anaïs Demoustier), une journaliste novice, parvient bien à obtenir un rendez-vous avec l’intimidant maître de la peinture surréaliste, jamais l’entretien n’aboutit vraiment. Cet échec répété avec brio constitue d’ailleurs la trame de ce scénario extravagant. Les séquences s’enchâssent, sur un rythme irrésistible de guitare composé par Thomas Bangalter (l’un des ex-Daft Punk), brouillant la chronologie et la logique, dans une suite vertigineuse de mises en abîme et de boucles, adoptant la méthode « paranoïaque-critique » de Dalí lui-même. Soit une « méthode spontanée de connaissance irrationnelle basée sur l’association interprétative‐critique des phénomènes délirants », comme il l’écrit dans La Conquête de l’irrationnel en 1935. « L’activité paranoïaque‐critique ne considère plus isolément les phénomènes et images surréalistes, mais au contraire dans un ensemble cohérent de rapports systématiques et significatifs. » Bref, c’est illogique mais cohérent. Dans une même scène, différents acteurs peuvent ainsi donner corps à Dalí à la faveur d’un changement de plans : Pio Marmaï succède à Jonathan Cohen qui lui-même succède à Édouard Baer (remarquable de ressemblance), soulignant combien le « personnage » Dalí est fabriqué, comme on le dit d’une œuvre ou d’un produit. Sa notoriété vaut finalement peut-être moins pour le mystère de sa psychologie, voire son talent artistique – dans une scène, on le voit ironiquement signer sans ciller une croûte dégottée on ne sait où, avant qu’elle ne soit adjugée fort cher dans une salle des ventes –, que pour le personnage qu’il a inventé, cette figure médiatique d’extraordinaire communicant.
  • Il le dit, sa méthode paranoïaque‐critique s’applique en effet à ce « que le monde imaginatif et de l’irrationalité concrète soit de la même évidence objective, de la même consistance, de la même dureté, de la même épaisseur persuasive, cognoscitive et communicable, que celle du monde extérieur de la réalité phénoménique. L’important est ce que l’on veut communiquer : le sujet concret irrationnel ». Le philosophe Marshall McLuhan (1911-1980), professeur de littérature anglaise et théoricien des médias, résume dans Pour comprendre les médias, en 1964, à une époque où Dalí est devenu un entrepreneur fortuné menant grand train, cette importance prise alors par les moyens de communication sur le message lui-même en une formule devenue classique : « Le message, c’est le médium. » Il entendait souligner ainsi combien « nous façonnons nos outils et ceux-ci, à leur tour, nous façonnent ». L’importance de la vidéo et des caméras pour l’égotique Dalí, dont rend compte avec humour le film de Quentin Dupieux – l’artiste ne répond qu’aux entretiens filmés avec de très « grosses caméras » – met en lumière la primauté du médium dans l’art et la manière du peintre. L’important, c’est ce que l’on veut communiquer ? Une joie tout à fait persuasive ici !

 

Daaaaaalí ! de Quentin Dupieux, avec Anaïs Demoustier, Édouard Baer, Gilles Lellouche, Jonathan Cohen, Pio Marmaï, Didier Flamand et Romain Duris, sort le 7 février 2024 au cinéma. Durée : 1h19.

Expresso : les parcours interactifs
Aimer sa moitié avec le Banquet
On dit parfois que la personne aimée est « notre moitié », celui ou celle qui nous complète. L'expression pourrait trouver son origine dans le mythe des androgynes, raconté dans le Banquet de Platon ! Découvrez ce récit fascinant.
Découvrir Tous les Expresso
Sur le même sujet
Article
7 min
Bertrand Quentin : “Le handicap nous dit qu’il y a des manières différentes d’être humain, que l’homme se définit aussi par ses manques”
Octave Larmagnac-Matheron 01 septembre 2021

Les Jeux paralympiques, qui s’achèvent cette semaine, sont presque le seul moment où l’on entend parler de handicap dans les médias. Un instant d…

Bertrand Quentin : “Le handicap nous dit qu’il y a des manières différentes d’être humain, que l’homme se définit aussi par ses manques”

Article
3 min
Qui est Nayib Bukele, l’autoproclamé “philosophe-roi” du Salvador ?
Samuel Lacroix 16 mars 2024

Réélu triomphalement le mois dernier, le président du Salvador jouit d’une popularité exceptionnelle en dépit de son autoritarisme grandissant…

Qui est Nayib Bukele, l’autoproclamé “philosophe-roi” du Salvador ?

Article
3 min
Jean-Quentin Châtelain dans les affres du “Kaddish” d'Imre Kertész
18 juin 2014

Joël Jouanneau reprend la mise en scène de « Kaddish pour l’enfant qui ne naitra pas », d’après Imre Kertész, au Théâtre de l’Œuvre. Le puissant…

Jean-Quentin Châtelain dans les affres du “Kaddish” d'Imre Kertész

Article
3 min
Quentin Hiernaux : “Dans notre tradition, la plante est placée tout en bas de l’échelle des êtres vivants”
Octave Larmagnac-Matheron 26 août 2021

Une équipe de chercheurs singapouriens s’est lancée dans un projet un peu fou : créer des « robots-plantes ». Une démarche que critique le…

Quentin Hiernaux : “Dans notre tradition, la plante est placée tout en bas de l’échelle des êtres vivants”

Article
13 min
Questions pour votre champion
Michel Eltchaninoff 20 juillet 2012

À quoi doit être prêt le chef d’État idéal ? Doit-il être un homme de culture ? Obéir à l’opinion ? Pour approfondir les questions posées dans notre sondage, nous avons fait appel à de grands penseurs. Et voici les classiques qui…


Article
4 min
Lionel Barbe : “Les guerres d’édition sur Wikipédia ne sont pas nouvelles, ni forcément malsaines”
Octave Larmagnac-Matheron 29 avril 2022

La guerre en Ukraine n’a pas seulement lieu sur le terrain. La bataille se livre aussi en ligne, sur l’encyclopédie Wikipédia en particulier…

Lionel Barbe : “Les guerres d’édition sur Wikipédia ne sont pas nouvelles, ni forcément malsaines”

Article
9 min
Qu’est-ce qui nous empêche de dormir ?
Cédric Enjalbert 22 octobre 2019

Le capitalisme, qui nous incite à produire et à consommer 24 heures/24, est-il le grand ennemi du sommeil ? C’est le réquisitoire inquiet que…

Qu’est-ce qui nous empêche de dormir ?

Article
2 min
Buzancy (France), 1784. Médium
Tobie Nathan 25 mai 2016

Quand un marquis épris des idées des Lumières place un jeune paysan dans une transe hypnotique, il ne se doute pas qu’il est en train d’inventer une forme de thérapie démocratique.


À Lire aussi
Nicolas Mathieu : “Les personnages de Tavernier sont à table à côté de nous !”
Nicolas Mathieu : “Les personnages de Tavernier sont à table à côté de nous !”
Par Alexandre Lacroix
mars 2021
Langage ou signal ? La communication animale selon Émile Benveniste
Langage ou signal ? La communication animale selon Émile Benveniste
Par Octave Larmagnac-Matheron
novembre 2021
“Enfin le cinéma !” au Musée d’Orsay : genèse du spectateur
“Enfin le cinéma !” au Musée d’Orsay : genèse du spectateur
Par Cédric Enjalbert
octobre 2021
  1. Accueil-Le Fil
  2. Articles
  3. Salvador Dalí par Quentin Dupieux : le message, c’est le médium !
Philosophie magazine n°178 - mars 2024
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Avril 2024 Philosophe magazine 178
Lire en ligne
Philosophie magazine : les grands philosophes, la préparation au bac philo, la pensée contemporaine
Réseaux sociaux
  • Facebook
  • Instagram
  • Instagram bac philo
  • Linkedin
  • Twitter
Liens utiles
  • À propos
  • Contact
  • Éditions
  • Publicité
  • L’agenda
  • Crédits
  • CGU/CGV
  • Mentions légales
  • Confidentialité
  • Questions fréquentes, FAQ
À lire
Bernard Friot : “Devoir attendre 60 ans pour être libre, c’est dramatique”
Fonds marins : un monde océanique menacé par les logiques terrestres ?
“L’enfer, c’est les autres” : la citation de Sartre commentée
Magazine
  • Tous les articles
  • Articles du fil
  • Bac philo
  • Entretiens
  • Dialogues
  • Contributeurs
  • Livres
  • 10 livres pour...
  • Journalistes
  • Votre avis nous intéresse