Repérages / Octobre 2019

Nicolas Gastineau publié le 3 min

L’image

Sphère céleste

Vertige : 13,8 milliards d’années nous con­templent. Voici une représentation de l’Univers observable, réalisée et mise en ligne à la fin du mois d’août par un artiste argentin, Pablo Carlos Budassi, qui travaille à ce projet depuis des années. Conçue à partir d’images de l’agence spatiale américaine et de données de l’université Princeton, cette carte est à l’échelle logarithmique. Cela lui permet de mettre sur un même plan des objets extraordinairement éloignés dans l’espace et le temps. Au centre, le système solaire ; puis, pour les connaisseurs, la ceinture de Kuiper et le nuage d’Oort qui en marquent la limite ; viennent ensuite Alpha du Centaure, la Voie lactée… jusqu’au plasma invisible du big-bang, soit l’enveloppe formée par la première lumière émise dans l’Univers. Un paradoxe frappe devant cette image : s’appuyant sur les avancées les plus récentes de l’astronomie, elle renoue avec les représentations les plus antiques du cosmos. Ressemblant à un œil, l’Univers est ici clos, délimité. Or c’est ainsi qu’Aristote le décrivait : pour lui, le cosmos est infini dans le temps mais fini dans l’espace ; ayant un centre (la Terre), il se compose de sphères concentriques et est lui-même sphérique, la sphère étant la plus parfaite des formes. Dans un ouvrage décisif, le philosophe et historien des sciences Alexandre Koyré (1892-1964) a montré comment, grâce à la science moderne, nous sommes passés du « monde clos » aristotélicien à « l’univers infini », régi par des lois mathématiques. Avec cette carte, c’est comme si nous faisions le chemin inverse sur le plan esthétique : de l’univers infini à un monde clos… Ce qui n’enlève rien à sa beauté.

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